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Ce
texte provient du site
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réalisé par Marie
Voyage
en Egypte
Quel
ex-élève de 6ème n'a pas rêvé
un jour, une heure, une demi-seconde des Pharaons, des
trésors de l'Egypte, de la beauté de ses
femmes, du raffinement de leur art pictural pour ne
pas dire leur "modernité", du mystère
de ses temples ? Personnellement, je n'en connais pas.
Et comme tout le monde, j'ai bien sûr "rêvé"
d'aller visiter l'Egypte.
De plus, après
20 ans de bons et loyaux services à la famille
et ses impératifs de vacances à la plage
pour jouer au volley et à la montagne pour faire
du ski, il était largement temps que j'exprime
l'humble vu de m'offrir, avec celle ou celui qui
voudra bien m'accompagner, quelques jours vers une destination
de "rêve" justement.
Oui, j'ai bien écrit
celle ou celui au singulier car j'ai une famille de
cinq personnes et je ne roule pas sur l'or
Cependant,
réaliser un tel voyage sans être accompagné
d'un membre de ladite famille que j'ai créée,
m'était insupportable.
C'est comme ça
qu'un beau jour de juillet 2002, le comité d'entreprise
de ma boîte a proposé une croisière
en Egypte pour l'année suivante. Ni une, ni deux,
sans rien demander à personne, je m'inscris.
Alea jacta est.
Mon cher époux,
que je comptais embarquer à la fois sur le bateau
et dans l'aventure, a décliné l'offre
au prétexte que les vieilles pierres, c'est pas
son truc. Lui, il a besoin que ça bouge. "Mais
propose donc à Anaïs"
C'est ma
fille cadette, 16 ans et mordue de mythologie. Bon,
tant pis
Pourtant, lui, l'arabophone, aurait sûrement
été bien utile là-bas pour quelques
contacts directs avec les indigènes, notamment
au cours des "tractations commerciales", communément
appelées "marchandages". Et ça
faisait si longtemps qu'on ne s'était pas retrouvés
quelques jours, rien que tous les deux
Tant pis
pour lui, tant mieux pour Anaïs qui était
ravie, heureuse et sauta de joie pendant, Eva, mon aînée,
me gratifiait de son déjà légendaire
regard sicilien. Seul, Hugo s'en fichait parce qu'il
avait 3 ans à l'époque et n'avait jamais
entendu parler de "Gype".
Ca n'a pas été
simple de faire accepter à ma grande que, compte
tenu du flou entretenu autour des inscriptions en fac
et du nébuleux calendrier des vacances universitaires,
je ne pouvais pas, cette fois-ci, l'emmener avec moi.
Je lui ai promis
la Chine, en contrepartie !
Un de ces jours
Avant la date fatidique
du 8 février 2003, jour du départ, il
ne s'est rien passé de notable. Pas même
une mise en jambes, ou plutôt une mise à
jour de mes cours d'histoire de 6ème. Je voulais
arriver "vierge" de sentiments pré-digérés
et recevoir l'Egypte brute de décoffrage, en
plein ventre. Quelques lectures m'avaient pourtant été
conseillées dont les Christian Jacq. Que nenni
! J'avais lu quelques années plus tôt,
un ou deux polars relatant les énigmes soumises
au scribe Huy, par Anton Gill. C'est tout et c'était
suffisant pour moi.
Le départ
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Notre périple à
Pharaoh's Land commence, pour le moins, sous le signe de la
déesse Patience, inconnue au panthéon égyptien,
ou tout du moins, pas sous ce nom : le vol Egyptair Paris-Luxor
du 8 février 2003 à 14h40 est retardé de
près de 3 heures au décollage. On ne saurait faire
mieux dans le style "grand bazar" d'autant plus qu'aucune
précision ne nous est donnée avant 17h. Pourtant,
Anaïs et moi, demeurons calmes, avec quelques collègues
embarqués sur cette croisière organisée
par la section Voyages.
J'ai largement le temps
de dénombrer un pourcentage un peu inquiétant
de retraités quand même, au sein de notre contingent...
Ca ne menchante pas, surtout pour mon adolescente de
fille.
Bon, on verra bien à
l'usage ! ! ! Ne jugeons pas trop vite !
Nous continuons d'occuper
notre glandouille comme on peut : manger à la cafétéria
(un forfait de 16 € nous est offert avec le bon dembarquement).
A notre table, une famille turque attend, elle aussi, son
vol pour Istanbul. Nettement plus chanceux que nous, ils connaissent
la raison de ce retard : tempête de neige.
Puis, nous partons à
la chasse aux places assises dans la salle dattente.
Quand on peut enfin saffaler sur une chaise, bouquins,
revues, mots croisés et musique sortent des bagages
à main
(désolée, je nai pas
de tricot ! !)
et lattente peut commencer sereinement
entre rêvasseries, roman et matage de militaires, arme
à l'épaule. De temps à autre, nous partons
en quête d'information : mais-quand-est-ce-qu'on-part
??? Une sorte de langueur toute orientale commence à
s'installer en nous : on verra bien
inch Allah ...
A un moment donné,
Nous finissons tout de même par savoir que Luxor est
victime d'une tempête de sable et qu'il est donc impossible
de décoller ni d'atterrir.
Nous finissons par décoller
- enfin - vers 21 heures
! Je ne comprends toujours
pas comment la quasi-totalité des voyageurs de ce vol
a pu rester calme jusqu'au bout, à lexception
dun type qui, vers 20h30, sest énervé
contre un employé de laéroport.
Paris-Luxor, c'est 4 heures
de vol. : bien placées puisque à côté
dune porte, nous pouvons toutes deux les jambes. Gé-nial.
Dîner à bord. Assez vite, mes paupières
se plombent. Jai dû m'assoupir un peu. Ca ma
fait du bien. Ma fille se met à reluquer les stewards
: « tu crois quils sont beaux les Egyptiens ?
». Elle mate un grand maigre aux yeux de biche
qui la mate à son tour. Bravo ! ! Mais qu'est-ce que
je vais raconter à son père !?
Mon voisin de droite, la
cinquantaine élégante, engage la conversation
: il dit aller « faire quelques fouilles ». Jai
du mal à le croire, je ne sais pas pourquoi. Veut-il
mimpressionner ou a-t-il quelques scrupules à
avouer qu'il fait du tourisme de masse ?
A larrivée vers 1 heure du matin, nous sommes
pris en charge avec célérité et efficacité
par lagence.
Je subis alors ma première
arnaque : 1 € parce quun gars ma déplacé
ma valise de 3 m. Je mets ma faiblesse sur le coup de la fatigue.
Ca fait cher le centimètre ! ! Bienvenue en Egypte..
!
Il y a un monde fou dans
cet aérogare qui n'a plus rien à voir avec celui
d'Orly Sud. Surpeuplé comme un lundi matin à
la gare St Lazare, un bourdonnement polyglotte donne à
croire que lEurope s'est donné rendez-vous ici.
Notre bateau est amarré
à 7 kms de là. En montant dans le car, nous
faisons connaissance avec notre guide : Hazem. Il parle un
impeccable français.
Notre bateau sappelle
« Sérénade " peut-être en hommage
à la quasi-totalité de notre groupe qui travaille
et ne vit que pour la musique
? ? Les bagages pris en
charge par le personnel du bateau. Rien à porter :
un rêve !.. On prend un verre de jus de fleur dhibiscus,
le karkadé. Bon. Sucré mais pas trop.
Il doit être 3 heures
du matin quand Hazem nous annonce un changement de programme
en raison de notre arrivée retardée. Donc, demain
matin (enfin, ce matin), légère grasse mat.
Mais ce n'est plus qu'un vieux rêve quand nous apprenons
que le petit déj n'est plus servi après
9 heures
Adieu donc, grasse mat
fondue comme neige au soleil de Râ
.
Belle chambre ! Sur un
bateau, ça s'appelle une « cabine ». Super,
on a même la télé. En « égyptien
», bien sûr. Quand il y a des chansons avec danseuses,
ça se laisse gentiment regarder. Pourtant, la clim
fait un boucan denfer et je suis obligée de la
stopper vers 5 heures, tellement je narrive pas à
mendormir.
Dimanche et la Vallée
des Rois
Le réveil est très très difficile pour
tout le monde.
Après le petit déjeuner,
on se retrouve sur le pont du bateau. Il fait beau et doux.
Quel contraste avec la veille à Paris, où le
thermomètre ne dépassait pas 2°C.
Chaise longue et lunettes
de soleil.
Un collègue, Laurent,
nous raconte que lui non plus, narrivant plus à
sendormir, il est allé faire un tour en ville.
Louxor by night : tout le monde lui disait bonjour en lui
proposant nombre de plaisirs de toutes sortes : alcool, cigarettes,
femmes, hommes
10h30 : réunion
au salon-bar, décoration cosy à langlaise
(nuds-nuds, tentures roses, etc.).
Hazem nous donne le programme.
Il nous annonce que le lendemain, lundi, cest le Baïram,
la fête du mouton des Musulmans, que les Maghrébins
appellent lAïd-el-Kébir. Mais lui, est un
copte et donc, il ne fêtera rien.
Nous allons rapidement
déjeuner puisque dès cet après-midi,
les visites démarrent sur des chapeaux de roue.
Buffet intéressant.
Crudités, légumes, eau (en bouteille bien sûr)
fraîche que cest un régal ! ! Fruits
Bon pour mon récent régime !
Une petite barcasse nous
conduit sur la rive Ouest et la vallée des Rois, des
Reines, le temple dHatchepsout à Deir-el-Bahari,
les colosses de Memnon (bien amochés) mais plantés
là au milieu dun champ tout vert, que cen
est très émouvant. Cest le passé
de plein pied dans un présent intemporel.
Un autocar nous fait ensuite
traverse plusieurs villages très colorés. Beaucoup
de maisons sont décorées de fresques vives de
style mi-pharaonique mi-naïf, racontant pour la plupart
dentre elles, le voyage à la Mecque de son proprié-taire
et le moyen de transport quil a utilisé pour
sy rendre (avion, cheval, autocar
). La présence
policière ou militaire se fait sentir depuis le drame
de 1997 à Deir-El-Bahari où plus de 60 touristes
furent tués dans un attentat terroriste. Le gouvernement
égyptien ayant mis en place une politique du tout-sécurité-archi-maximum
à légard des touristes, grande richesse
économique du pays.
Bah, en France, on a bien
Vigipirate ! !
C'est ma première
plongée dans le monde égyptien, toutes époques
confondues. J'en retire déjà, malgré
la fatigue encore présente, un sentiment de temps suspendu,
de grand calme, à l'instar de tout le monde méditerranéen,
cette lenteur sage, cette sagesse lente, qui m'émeut,
moi, la descendante de Thraces et autres Etrusques !
Sur la Vallée des
Rois, soleil de plomb. Enfin, débarquée d'Europe
où il faisait plus ou moins 0 degré C, cette
chaleur me fait leffet dune chape.. Je machète
un foulard blanc en coton qui remplacera la casquette que
javais apporté et qui se trouve trop petite pour
moi. Jai dû lemprunter à mon fils
sans vérifier ! Je fais un peu plus « couleur
locale ». Beaucoup de femmes mimiteront par la
suite et sachèteront le même
!
Puis, visite des tombes
de Ramsès IX, Ramsès III, Seti II. Hazem nous
donne les explications à lentrée des tombes
puisquil na pas le droit dy entrer. En effet,
un décret égyptien interdit aux guides de donner
des explications à lintérieur de certains
sites pour éviter, soit disant, les attroupements et
donc, les
. embouteillages. Enfin, c'est ce que j'ai
compris.
Nous plongeons alors de
plain pied dans la spiritualité égyptienne.
Javoue que jai encore du mal à me souvenir
de tout. En fait, je ne me souviens de pas grand chose mais
je crois que je n'ai jamais été très
douée en spiritualité d'aucune sorte, d'ailleurs
! Par contre, Anaïs est incollable et enregistre tout
avec une précision ahurissante. La jeunesse !
Tout ce que jarrive
à retenir, cest que les Egyptiens passaient leur
vie terrestre à préparer leur mort ou plus exactement
leur vie dans lau-delà. Cest pourquoi,
cette civilisation très exceptionnelle ne nous a laissé
que des tombeaux et des temples et pas un seul palais. Bon,
c'est un point de vue
Un peu plus tard, nous
croisons des Allemands en rollers.
. Les routes sont
plutôt bonnes en Egypte, ai-je oublié de mentionner.
Ils vont plus vite de nous
Dans la Vallée des
Reines, nous visitons entre autres- la tombe dun
enfant mort-né dans lequel se trouve encore sa momie.
Sont considérées comme reines, les épouses
royales, souvent des princesses étrangères mariées
au pharaon.
Il semble quil ny
ait eu quune seule pharaonne : Hatchepsout. Femme habile,
elle régna près de 20 ans, usurpant le trône
à son beau-fils, Touthmosis III, qui sempressa
deffacer toutes traces de la reine, à sa mort.
Pendant le règne dHatchepsout, lEgypte
vécut une période de prospérité
exceptionnelle.
Son temple est impressionnant
de majesté. Pourtant, sa restauration semble assez
grossière. Cest une mission polonaise qui en
avait la responsabilité.
Du haut du temple, nous
avons un panorama splendide sur la vallée du Nil. Nous
distinguons très nettement cette mince bande verte
enserrée par le désert.
Cest beau. Point.
Pour ce qui me concerne,
mes capteurs sensoriels sont encore un peu fatigués,
mon cerveau enregistre. Cest tout. On verra après.
Pourtant, je me sens déjà
happée par autre chose mais est-ce vraiment autre chose
: lair ambiant, les gens, ce temps qui passe au fil
du fleuve. Je narrive pas à y mettre encore beaucoup
de mots.
On visite ensuite le village
des artisans, à Deir el-Medineh et la tombe dun
artisan, sublimement conservée. On y accède
par un escalier en bois très raide, casse-gueule même,
et un couloir en terre battue à lintérieur
duquel il faut saccroupir. Mais la gym en vaut la chandelle.
Les couleurs sont merveilleuses, éclatantes encore.
Ca raconte la vie de tous les jours, transposée dans
lau-delà. Je me demande maintenant, si cet Au-delà
des Anciens nest pas notre Présent, puisque nous
sommes là, nous les enfants des enfants des enfants
.
de ces antiques Egyptiens, à contempler leur vie terrestre
dantan. Vous me suivez dans mon raisonnement ? Non ?
Tant pis
Sur le chemin du retour,
nous nous arrêtons dans une fabrique dobjet en
albâtre. Le tourisme commercial commence ! ! Comme je
naime pas trop ce quils font, à part les
jarres et autres coupes maousses, sans aucun dessin, brutes,
translucides
un peu imposantes et très chères,
je mabstiens. Anaïs achète un tout petit
scarabée bleu. Le gars qui nous suit, un Egyptien dune
petite trentaine, aux dents gâtées, en costume
traditionnel (galabia un peu épaisse, turban blanc
et écharpe en laine autour du cou, nous fourre dautres
scarabées dans les poches. A mon avis, Anaïs a
dû payer trop cher
!
Ils nous servent un réconfortant
thé à la menthe
..
En remontant dans le car,
Hazem nous sert un morceau de pain cuit au soleil. Mon Dieu
que cest bon ! ! Bien levé, moelleux à
lintérieur et légèrement craquant
sur le dessus. Régal maximum !
De retour sur le bateau,
nous sommes tous bien fatigués. Après le dîner,
dodo à 22 heures ! !
Lundi, Abydos et
Denderah
Debout à 6h30. déjeuner à 7. Cest
la dure loi du touriste en Egypte.
A 8 heures, notre car part
pour Abydos. Nous voyageons en convoi, encadrés de
la police touristique.
Certains demanderont :
« mais puisque vous étiez sur un bateau, pourquoi
ne naviguiez-vous pas ? ».
Plusieurs raisons à
cela :
Il y a beaucoup de bateaux
touristiques à Louxor. La circulation ne doit pas être
très évidente. Dautre part, il existe
des bancs de sable. Donc, certaines semaines, ça passe,
certaines semaines, ça ne passe pas.
Toutefois, le voyage en
car a quelques avantages : nous traversons les villages dun
peu plus près quen bateau. Je ressens beaucoup
de calme et de légèreté en contemplant
le paysage mais ça ne m'empêche pas de voir aussi
une pauvreté crasse mais pas de misère noire.
Les maisons sont en briques crues (pour conserver la fraîcheur),
marronnasses, ce qui ajoute à la désolation.
Les cours sont miteuses, peu entretenues. Pas de jardinières
fleuries aux balcons, ni de rideaux à nuds-nuds,
comme en Europe ! ! Ce qui peut être essentiel pour
nous ne lest peut-être pas pour eux.
Les marchés locaux
sont, par contre, bien approvisionnés en produits de
première nécessité (légumes, fruits,
viande
). Bon, pour la viande, il ne faut pas être
difficile. Car, en plein air, pas de vitrines réfrigérées.
Cest découpé à la va-comme-jte-pousse.
Pour moi, fille de boucher, c'est assez gerbatif ! Ca me rappelle
l'Algérie, ce commerce brut, sans chichis de présentation,
ni même d'hygiène élémentaire estampillée
par la Commission Européenne. Cela dit, je ne suis
jamais tombée malade en mangeant ces produits-là.
Les gosses, un peu craspecs
dans l'ensemble, ont lair en bonne santé. Ils
sourient en nous saluant de la main au passage du car. Lallure
de vie est lente, comme dans tous les pays du Sud. Faite pour
durer un million dannées, comme disait feu mon
camarade Nino
. Et toujours en été...
Un rythme qui me conviendrait
assez bien, somme toute.
La Haute Egypte que nous
traversons est essentiellement rurale. Quelques villages en
bord de fleuve. Quelques bourgades avec école, poste
de police évidemment et le portrait de Moubarak à
lentrée, toujours ! ! Jimagine Asnières
sur Seine, avec la photo de Chichi à lentrée.
Impensable !
On arrive vers11 heures
à Abydos. Ce nom me rappelle le feuilleton Stargate
SG1. Cest surtout ma fille qui me le rappelle.
Là, au milieu de
la bourgade, le temple dOsiris. Cest là,
que selon la légende, Isis, son épouse et sa
sur aussi, retrouva sa tête, après quil
fut tué par son frère, le méchant Seth.
Les fresques y sont superbes.
Ce temple fut édifié sous deux pharaons, Seti
1er et son fils, Ramsès II. La différence de
style sous les deux pharaons est frappante. Sous Séti
1er, les fresques sont très finement taillées
et en relief. Sous Ramsès II, en creux et beaucoup
plus grossières, voire plus « imposantes »,
comme tout ce que fit ce pharaon un peu mégalo.
En fait, selon les explications
d'Hazem, la fresque creusée est difficilement effaçable
et se voir rayé de lhistoire, ça, Ramsès
II, lusurpateur, ne le voulait à aucun prix.
Mes collègues et
moi sommes sous le charme de ce temple, dont les plafonds
furent noircis par les feux de camps des premiers chrétiens
pourchassés par les Gréco-Romains, lors de la
période romaine.
Dailleurs, les asiles
que furent ces temples, déjà quasi-abandonnés
dans lEgypte Romaine, pour cette nouvelle religion,
subirent malheureusement à leur tout le fanatisme du
christianisme naissant. Osiris, Isis, Horus et tous leurs
cousins, tous des idoles ! ! A mort ! ! Et que jte manie
le marteau le burin et que jt'efface toutes les images
des Dieux et Déesses ! !
Il fait bon, en sortant.
Il est midi et le chant
des muezzins emplit le ciel de manière saisissante.
Sur le parvis de ce temple,
haut-lieu de culte depuis plusieurs millénaires, je
vis là mon premier grand frisson égyptien. Une
compagne de voyage marseillaise, Rosine, ressent la même
chose. La magie pure. Lénergie ambiante, comme
une vibration cosmique ou quelque chose dapprochant.
Les muezzins de plusieurs
mosquées voisines entame leur appel à la prière
en même temps, dans un chant polyphonique d'une beauté
irréelle, à couper le souffle. L'un dentre
eux possède d'ailleurs une superbe voix de baryton
basse. Et au contraire de la plupart des appels à la
prière urbains, ce sont de vrais bonshommes qui chantent,
pas des bandes enregistrées
! !
Des gamins viennent nous
vendre des porte-bonheur en blé tressé, jen
achète un pour 1 livre égyptienne (un peu plus
dun feu franc français
). Il orne maintenant
ma cuisine.
On doit manger dans le
car. Les sandwichs ne sont pas géniaux, à la
limite du beurk. Tant pis, le dîner nen sera que
meilleur.
Les femmes égyptiennes,
peu nombreuses, que nous croisons sont pour la plupart vêtues
dun long voile noir qui laisse le visage découvert.
Hazem nous précise quil sagit là
de femmes mariées. Les autres sont en foulard, telles
quon peut les croiser dans nos banlieues européennes,
et souvent vêtues de couleur.
Seules, les chrétiennes
ne portent pas de fichu sur la tête. La tolérance
y semble visible et tranquille. Les popes déambulent
dans les rues, les sites archéologiques, majestueusement
et tranquillement. Les églises sont visibles et bien
entretenues. Javais le souvenir du Maghreb où
le port dune croix suscite un regard inquiet, voire
de rejet. Ici, ce nest pas le cas.
Après le déjeuner,
nous empruntons la route de Denderah, pour le temple dIsis.
Les Egyptiennes de lantiquité y venaient pour
demander à la déesse de favoriser une grossesse.
Déjà mère de trois enfants et âgée
de 47 beaux printemps, je ne ferai donc pas de prières
!! Ce temple date de lépoque gréco-romaine.
On trouve encore beaucoup de personnages (des dieux et des
déesses) martelés.
Je me surprends toujours
à vouloir regarder au-delà du temple, des fresques,
vers lhorizon
Je me sens bien.
On rentre vers 17h30 à
Louxor, épuisés. La plupart dentre nous
a besoin daller chercher de l'argent frais en ville
et Hazem nous donne rendez-vous à 18 heures pour un
tour en calèche.
Quand le prix de 10 €
la ballade dune heure et demie en calèche, nous
a été annoncé, nous avons trouvé
ça un peu beaucoup même cher. Bonjour
la belle commission !!! Bah, ça se trouve la semaine
prochaine, il y aura la guerre et donc, plus de tourisme
Nous assumons donc notre rôle de vache à lait
touristique avec dignité et sourire.
Un convoi de 5/6 calèches,
ça fait du bruit.. et ça sent.. ! ! Forcément,
sous nos latitudes européennes, les chevaux nont
plus la même odeur champêtre
!
Cest bien agréable
en attendant.
Nous passons devant lentrée
du temple de Karnak, en plein milieu dune place, toute
minus, toute vide, toute triste. Quelques jours plus tard,
ce temple, en plein jour, nous apparaîtra bien différent.
Nous croisons quelques
beaux hôtels dont lun fut fréquenté
par Lady Di en personne (avec ou sans Charles ou avec ou sans
Dodi, je ne sais plus). Et alors, si Marie-Christine séjourne
sur le « Sérénade », ça nintéresse
personne ? ?
A un moment, le calechier
tourne à droite pour entrer dans une ruelle très
animée. Noublions pas que nous sommes la veille
de la fête du Baïram. Les habitants de Louxor se
préparent et donc achètent de quoi préparer
le repas de fête du lendemain.
Cest bondé.
Les étals regorgent de fruits, légumes, articles
en tous genres, de vêtements bigarés suspendus,
qui soit dit en passant, plairaient beaucoup à ma belle-mère.
Les gens sont très calmes. Ils se poussent en souriant
ou en nous ignorant mais je ne décèle aucune
animosité ou nervosité.
Cest bien sympa,
tout ça.
Nous rentrons vers 20 heures
pour la soupe.
La veille, nous avions
vécu un sketch avec un serveur qui ne savait plus à
qui faire payer une bouteille deau (non comprise dans
le forfait). Comme jétais la seule à baragouiner
anglais, jétais donc son interlocutrice.
Le lendemain, il passe
me voir en souriant : « My name is David ! !
pleased to meet you, David.
I am Marie (je laisse tomber le Christine en passant, trop
compliqué
)
Marrrie, like my sister..
Il est très charmant,
mignon, efficace, ultra-souriant et un brin coquin. Anaïs
me regarde de travers : « Maman, tu es mariée
». Faites des mômes, les filles ! Et surtout
emmenez-les en vacances avec vous pour qu'ils vous cassent
vos derniers coups possibles
!!!
Après le repas,
je monte boire un Gin-Fizz avec Ginette, une collègue.
Après tout, on est aussi en "vacances"
Ma fille est partie se
coucher patraque. Toute la durée du séjour,
elle se plaindra de quelque chose de différent chaque
jour (nausée, mal à lestomac, mal à
la gorge, mal au ventre.. ! "J'ai des glaires" fut
son leit-motiv pendant une bonne partie du séjour
Très mignonne, comme gamine, à part ça
On éteint les loupiotes
et les yeux vers 23 heures !
Mardi et Edfou
Le muezzin nous réveille à 5 heures car aujourdhui,
c'est le Baïram
Plus mélodieux que le marteau
piqueur du chantier de ma rue, mais tout aussi matinal !!!
Ca recommence à
7 heures. Le bateau avance maintenant tout doucement. Anaïs
se sent mieux puisquelle a sympathisé avec des
jeunes dun autre groupe de français. Ils jouent
aux cartes et se racontent leurs histoires de jeunes. Ouf
! ! Il était temps !
Arrivés à
Edfou, nous prenons un petit car jusquau temple, en
passant devant des calechiers assez remontés contre
notre guide qui trouvait leurs engins trop sales pour nos
augustes derrières européens, au point de faire
pisser leurs bêtes presque à nos pieds
! !
La place du marché
est traversée au pas de course. Pas le temps de baratiner
une babiole. Cest la fête : les gens revêtent
aujourdhui des vêtements neufs. Ils sont tout
beaux, tout propres, tous jolis.
Nouveau lieu, nouveau temple
: celui-ci est dédié à Horus, fils par
lopération du Saint-Esprit sous la forme dIsis
déguisée en oiseau, et dOsiris déjà
tenu pour mort et dIsis.
Le temple dEdfou
est le mieux conservé dEgypte car pendant des
siècles, il était presque totalement enterré
dans les sables du désert. Seuls les sommets émergeaient,
dont les fresques encore visibles nont pas échappé
aux marteaux fanatiques des monothéistes.
Dans lenceinte du
temple, une fresque superbe raconte le combat dHorus
contre Seth, lassassin de son père Osiris, pour
venger sa mère Isis. C'est l'ancêtre de la bande
dessinée
Nous croisons beaucoup
dEgyptiens venus se promener dans le temple comme pour
se réapproprier leur passé. Enfin, c'est moi
qui dit ça
En rentrant sur le bateau,
on a enfin le temps de faire une petite bronzette car le soleil
semble timidement vouloir briller.
L'après-midi se
passe à contempler les berges du Nil, puisque nous
naviguons. Je m'installe sur un transat en compagnie de mes
nouvelles copines.
Une Italo-grecque, une
Espagnole et une Algéroise en flagrant délit
de papotage méditerranéen sur un paquebot longeant
le Nil, c'est le monde antique reformé pour l'occasion.
Je suis toujours ravie de cette connivence naturelle des filles
de la mer(mère ?) Méditerranée.
Ces filles du Sud, quelle
que soit la rive où elles ont vu le jour, quelle que
soit la confession à laquelle elles appartiennent,
ont souvent cette intuition de la reconnaissance au premier
coup d'il... en raison de cette "légendaire"
chaleur, cette facilité de contact, par la parole,
d'abord, et très vite par le geste...
C'est un fluide perceptible
au détour d'un regard noir ou s'il ne l'est pas, assombri
au khôl, dans le soupir d'une phrase sur la mère,
le fils et le saint-esprit, une main nonchalamment posé
sur un sein. C'est une démarche chaloupée, prometteuse
de délices nocturnes souvent inaccessibles car tabous
C'est la question qui vient
fouiller dans ta tête et ton corps, la confession intime
immédiate sans épreuves éliminatoires,
c'est un revers de la main sur la pudibonderie mais un cri
violent pour protéger sa pudeur, face à l'autre,
l'opposé, l'homme.
Du détroit de Gibraltar
à Chypre, de Marseille au Caire, d'Athènes à
Tunis, d'Alger à Smyrne, un geste, toujours le même.
Un rond dans l'air d'une main souple et un soupçon
de sourire en fermant les yeux "ah la la ". C'est
la vie des femmes, avec leurs tonneaux de larmes, leurs soupirs
d'aise et leurs joies simples. La vie, d'un revers de la main
Au beau milieu de nos vies,
de nos récits, je ressens là un très
grand calme. La paix avec un grand P.
Les berges sont calmes,
sereines, juste entrecoupées ça et là
dun chant de muezzin ou du braiment dun âne.
Des champs, des prés, des champs, des prés,
des petits villages et des gamins qui nous font des grands
signes de la main.
On ne peut pas dire que
le Dieu Ra veuille briller aujourd'hui. Il boude ou quoi ?
? Je suis en maillot de bain, quand même, na ! !
Le temps de se changer
et à 17 heures, tea time. On nous présente le
personnel
enfin, les chefs seulement, ceux quon
ne croise presque jamais, dailleurs et dont on se fiche
éperdument Je regrette quon ne nous présente
pas TOUT le monde, même nos hommes de ménage
qui sont de vraies fées du logis que j'en emmènerai
bien un dans ma valise pour Asnières.
Une heure plus tard, le
bateau est à quai à Kom Ombo où lon
visite le temple de
zut, je nen sais plus rien
(Elle revient quelques minutes plus tard avec ses papiers)
HORUS LE GRAND et de SOBEK, le dieu crocodile. Le temple se
situe au sommet dune colline qui domine le Nil. Comme
il fait nuit, il est illuminé. Cest magnifique.
Hazem nous montre une fresque
où figure une ordonnance médicale. Tout comme
au XXIème siècle après Jean-Claude (
!), la médecine était déjà, en
Egypte pharaonique, à deux vitesses : il y avait la
médecine du Pharaon (somme toute assez élaborée
et qui donnait quelques résultats) et celle du commun
des mortels, avec incantations magiques et tout le bazar
Puis, une halte près
du nilomètre qui servait à mesurer la
hauteur du Nil mais aussi à déterminer si on
devait payer des impôts ou pas. Nil trop haut = crue
= inondations = pas de récolte = pas dimpôts.
Nil trop bas = pas de crue = ça dépend si sécheresse
depuis longtemps ou pas et là, peut-être des
impôts ou pas
capito ?
Retour à pied au
bateau en flânant près des échoppes. Le
baratin est devenu notre sport favori et notre principal contact
spontané avec la population autochtone.
Dîner et coucher
tôt car le lendemain, réveil à 5h45 !
! ! ! ! !
images photos
Mercredi, Assouan et Philae
Assouan. Le temps est encore un peu blanc, voilé. Le
soleil veut percer ce mince rideau mais il a du mal.
Assouan est une grande
ville de près de 400.000 habitants, beaucoup plus grande
que Louxor. Beaucoup de bâtiments administratifs de
style soviético-africain, dimmeubles moyens mais
assez bien entretenus. Les rues sont (presque) propres.
Il y a un stade, des mosquées
et une superbe église copte visible de loin. Ce matin,
le guide nous propose un voyage à cheval (en car) entre
lEgypte moderne (le barrage dAssouan) et lEgypte
pharaonique plutôt ptolémaïque (le
temple de Philae). Pendant qu'on roupille à moitié
dans ce car, Hazem passe en revue les 50 dernières
années de lEgypte (Farouk, Nasser, etc..) et
tente de faire le point sur les avantages et les inconvénients
du barrage.
Comme cest une zone
militaire, pas le droit de filmer, à peine de photographier.
Ca tombe bien, cest moche !
Il n'est que 7h45 et on
serait déjà presque en retard pour Philae !
! Quelles "vacances" !!!
Sur le bateau, des gosses
ont réussi à monter pour nous vendre des babioles.
Anaïs achète deux bracelets en bois parfumés
au patchouli. (Trois semaines après, ça sent
encore ! !) Les copines achètent encore plein de trucs
aussi. Leurs maris observent goguenards et désarmés.
Dans le temple, la cohue.
Une vraie cohue quon pourrait comparer à la gare
Saint-Lazare aux heures de pointe ! ! cest dire ! Ou
le métro à Montparnasse-Bienvenüe.
De nombreux groupes et
leurs guides respectifs tendant le bras avec le nom du groupe
ou de lagence
Sur notre affiche, il y a une note
de musique.. C'est quand même plus classe ! ! !
Dans la salle hypostyle,
un guide germanophone parle à tue-tête. On entend
avec peine Hazem, qui pourtant n'est pas un chuchoteur ! Au
fur et à mesure des visites, nous nous rendons compte
de sa compétence, de la maîtrise de son sujet.
De plus, il est très pédagogue. Il aurait fait
un excellent professeur. Par contre, il ponctue toujours la
plupart de ses phrases d'un « mes chers amis "
assez énervant. Dailleurs, nous le nommons entre
nous " mécherzami ». Eduqué chez
les jésuites depuis lâge de 4 ans, Hazem
nest pas enclin à la gaudriole ni à la
plaisanterie
Dommage pour lui. Et pour nous.
Une fois sortis de la bousculade,
nous filons vers la fabrique de parfums
Ca, cest
le clou de mes achats égyptiens. Je suis une folle
des bonnes odeurs : épices, fleurs, herbes, mon bonhomme
quand il sort de la douche (pas après un match de volley
ni 40 minutes de jogging, non non non ! !).
Là, un guide francophone
(préférable compte tenu du nombre de Français
monolingues de notre groupe), souriant et plaisantin, nous
fait larticle (mauvaise langue !), la « présentation
» des produits de leur fabrique.
Anaïs et moi sommes
intéressées par lessence de Santal, excellente
en massage. Pour papa, me chuchote-t-elle. Nous repensons
toutes deux au feuilleton des douleurs cervicales paternelles
et maritales, qui ponctue nos journées depuis de trop
nombreux mois, bientôt deux ans. Le gars propose ensuite
que quelques-un(e)s dentre nous se fassent masser par
un régiment de jeunes gens placés en rang doignon
derrière lui.
Six dentre nous se
lèvent, que des femmes, allez comprendre pourquoi !
! Même moi, qui navait pourtant mal nulle part
! ! On nous conduit vers le fond de la salle où sont
installées quelques banquettes. Pas de rideau. Tout
se passe en famille, comme qui dirait ! ! !
Jindique à
un grand Nubien maigre, impassible, au regard mi-clos et d'une
beauté saisissante, de me masser le cou et le haut
des épaules.
A côté de
moi, jentends Nicole, une infirmière cannoise
: « mince, moi jai mal dans les lombaires, mais
je vais devoir montrer mes fesses à tout le monde ?
? ». Eclat de rire général. Elle fait
alors glisser délicatement son bermuda juste à
la limite de la décence. Ouf, l'honneur est sauf. Dautres
ont mal aux pieds, au mollet. Elles sont malignes, celles-là
! ! Pour le dos, il ny a pas à tortiller, il
faut se déloquer. Tout le monde continue de se marrer
dans la salle.
Pour ma part, le massage
dans le cou qui ne nécessitait quune légère
échancrure de mon chemisier, devient par la volonté
silencieuse mais ferme de mon masseur, un massage dans le
dos ! ! Contrainte dôter ma chemise, je me couche
sur le ventre. Il dégrafe le soutif et il masse. Quand
je vais chez mon kiné en France, cest pareil,
non ?
Il a mis dans lhuile
quil utilise, un peu de menthe qui produit un effet
de fraîcheur réconfortant. Une fille dun
autre groupe vient sinstaller sur la banquette en face
et me demande si cest bien. Jémets un grognement
de plaisir, immédiatement suivi dun dynamique
et rieur « oui, oui, super ! ! ». Mon ton coquin
na sans doute pas dû échapper à
mon masseur dont la main droite saventure un peu loin
du dos, du côté du sein droit, là où
il y a le dossier de la banquette qui cache un peu ! ! Ouf,
ma réputation est sauvée aux yeux de ma fille,
restée un peu plus loin à écouter lexposé
des parfums.
Ses mains sont délicates,
très habiles. De temps à autre, il demande «
ça va ? ». Je réponds : « oui, très
bien ». Au début, moi naïve, je croyais
quil dérapait un peu ! ! A un moment, je crois
bien que ça lui aurait plu de descendre du côté
des reins
! ! Eh ben dis donc, mon coquin
! Je
me marrais intérieurement ! Ca faisait longtemps quon
mavait pas fait un coup comme ça, à moi,
la mère de famille quadragénaire ! ! Mais je
nai pas boudé mon plaisir et encore maintenant,
je me régale de le raconter.
Revenons à nos moutons..
non, à nos parfums.
Il reste un peu de temps
pour quon nous conduise (traîne en ce qui me concerne)
à la bijouterie. Hazem sinquiète toujours
de ce quon peut acheter en matière de bijoux.
« attention à ne pas vous faire avoir sur les
poinçons.. ».
Cest superbe mais
je me suis déjà acheté une Nefertiti
sur le bateau et jai commandé deux cartouches
pour les filles.
Je nen peux plus,
jai envie d'aller aux toilettes. Ah chouette, je vois
quil y a des toilettes publiques dans la boutique. Prévoyants
et malins, ces Egyptiens.
En remontant dans le car,
Françoise ne retrouve plus son sac à dos où
elle a TOUT. Une ombre passe dans le car. Ce nest pas
possible quon puisse nous voler quelque chose. En effet,
depuis le début de notre séjour, nous sommes
surpris par lhonnêteté des Egyptiens. Ils
baratinent, oui. Ils essaient de vous rouler sur le prix des
trucs, oui. Mais voler, passer à côté
de vous en frôlant les gens comme on le fait ailleurs
non ! Hazem se dépense sans compter pour retrouver
le sac. Au final et dix minutes après seulement, cest
un type dun autre groupe qui lavait emporté,
croyant que ça appartenait à quelquun
de chez lui. Françoise y a tout retrouvé ! !
Ouf !
Déjeuner à
bord.
.. et re-départ à 14h20 au jardin
botanique
.. quelle journée !!
Cest un très
bel endroit qui porte le nom dun Anglais : Lord Kitchener
! ! On y trouve toutes sortes dessences darbres,
pas forcément égyptiennes. Bien sûr, Hazem
nous a expliqué tout ça mais ça na
fait que passer entre mes deux oreilles sans y rester suffisamment
longtemps pour ce que je men rappelle.
Beaucoup dEgyptiens
en promenade, dans ce parc. Quelques types se tiennent par
la main. Ca me rappelle lAlgérie. A lépoque,
javais dit à celui qui allait devenir mon époux
et le père de mes trois enfants : « ils sont
pédés ? ? ». Kalachnikov pré-maritale
: « ça va pas ? ? ». Hazem confirme : «
cest lexpression dune grande affection entre
ces deux personnes ». Par contre, des amoureux hétérosexuels
qui se tiennent la main : nenni. Paradoxe des cultures méditerranéennes
: hyper-sexualité affichée dans les vêtements,
les danses et les chansons et tabous dans les comportements.
Les filles se baladent
entre elles, foulard et maquillage outrancier. On voit aussi
des familles coptes. Cest un régal de se promener
sans souci dans cette foule. Javoue quà
Paris, je suis plus craintive.
Mais à se promener,
à se promener, à se promener, je finis par avoir
mal aux jambes, moi ! ! On est tous un peu fatigués.
Sur le bateau du retour,
un vieil Egyptien qu'on pourrait croire sorti d'une carte
postale, nous chante « Alouette, gentille alouette »,
sans rien demander ! ! Juste pour le plaisir et le partage..
Rare depuis le début de ce voyage. Je suis sûre
pourtant quen restant plus longtemps dans ce pays et
en allant en dehors des sentiers battus, on peut faire davantage
de « vraies » rencontres.
Il a même entonné
« mazzolin di fiori " mais sur le bateau,
il ny a eu que moi pour faire écho. Cest
du folklore dItalie du Nord ! Ma grand-mère chantait
ça
. Ecco la !
Puis, visite dun
village nubien. Lors des travaux du barrage dAssouan
et du lac Nasser, plusieurs villages nubiens ont dû
être engloutis et il a bien fallu alors reloger ces
gens. Le gouvernement leur a construit des maisons.
Mais bon, cest pas
ça
La pauvreté y est crasse. Les gamins
réclament à tue-tête des « bonboni
», des crayons (geste du doigt qui clique sur la cartouche
dencre), des Euros (ben voyons..).
Javoue que je me
sens mal à laise. Non que les gens manifestent
la moindre animosité à notre égard. Mais
bon, ça fait un peu zoo, cette visite.
On traverse ce village
assez tranquille. Au fond dun champ, le cadavre dune
vache
Berk.
On se retrouve dans la
classe du village. Ben, oui, cest comme dans les campagnes
reculées de France, il ny a quune seule
salle de classe. Notre petite troupe délire un peu
« moi mdame, moi, mdame, je sais ! ! ».
Hazem nous parle alors du système scolaire égyptien
(moderne, bien sûr). Il y a le public (gratuit), le
privé (très cher), le religieux (sélectif).
Il ajoute quil ny a aucun système de couverture
sociale en Egypte, ou daide quelconque. Du coup, je
ne culpabilise plus sur les Livres et Euros que jai
perdus à me faire arnaquer sur des articles de pacotille.
A la fin de la visite,
on est invités à boire un thé sur la
terrasse de la maison du chef du village. Beaucoup hésitent
à sasseoir sur les coussins posés par
terre. Pas moi, mais je fais attention quand même, discrètement
pour ne pas vexer notre hôte.
Jaime bien les moments
de glandouille mais, ici, ils sont trop rares car il faut
vite repartir pour le son et lumière de Philae. Bon,
je nétais pas chaude pour ce genre de machin,
mais « on » ma dit que celui de Philae était
le plus beau. Alors, cest parti ! !
Que des Français,
ici !! Puisque le SEL (son et lumière) est en français.
Je perds vite les membres du groupe dans la cohue, y compris
ma fille, dailleurs. Je retrouve Roger, un ex-collège
octogénaire presque aveugle. Il a repéré
mon écharpe blanche que je ne quitte plus depuis la
Vallée des Rois. Je laide sur le chemin quelquefois
trompeur, notamment des marches inattendues.
Suzanne Flon en Isis et
Jean Topart dans le rôle Hapy, sur un texte dAndré
Castelot !! Ca nous fait réviser ce que nous a enseigné
Hazem pendant la journée !!
Je finis par retrouver
les membres de mon groupe et nous allons nous asseoir près
du petit kiosque de Trajan. Herbert Léonard est assis
sur le banc derrière nous. Un regard circulaire nous
fait nous rendre compte que nous retrouvons pratiquement tous
les gens qui étaient avec nous dans lavion de
samedi dernier
!! Anaïs retrouve un gars quelle
avait "maté" dans la salle dembarquement
: « va lui parler
».
« AHHHHH,
non ».
Bon, le SEL, ce nest
vraiment pas pour moi. Trop kitch
Mais il parait que
ça aide à financer les fouilles archéologiques
!!
De retour sur le bateau,
Hazem parle dune surprise pour les messieurs
Quelquun
lance : « ça doit être une danseuse !!
». Ah, la danse orientale égyptienne est réputée.
J'irai voir
Dans le salon, un type
fait un numéro inspiré des derviches tourneurs
assez impressionnant. Il invite Christine, trentenaire accorde,
à venir danser avec lui. Un moment, il la fait sallonger
par terre. Monn Dieu !! sécrient les Marseillaises
derrière moi. Il sallonge à coté
delle et la couvre de son espèce de jupe quil
a fait remonté sur sa tête. Monn Dieu !! Ca dure
trois secondes à peine.. !!
Arrive la danseuse
qui commence son show. Quelle soit moche importe peu. Ce quon
veut, cest quelle danse bien. Et pas de chance,
elle est moche et pas douée. « Tu danses mieux
quelle » me dit ma fille, habituée à
mes prestations dans les mariages familiaux et autres fêtes
. Elle s'essaie ensuite à faire participer les mâles
de l'assistance : un Anglais pas très à laise
avec son corps, ce qui semble assez logique. Ensuite, un Turc,
très beau mec et nettement plus souple et enfin, jeune
Français dorigine chinoise, le moins ridicule
de tous.
La danseuse semble s'emmerder,
mais semmerder
comme si elle était à
l'usine.
Elle traîne des pieds
pour aller chercher les gars
Puis, survient ce qui ressemble
à une embrouille dans lorchestre.. et tout le
monde sarrête. Ils se cassent. On apprendra plus
tard quils devaient aller sur un autre bateau. Quand
je vous disais que cétait lusine, je n'étais
pas loin de la vérité.
Tout ça, c'est bien
gentil mais nous, au départ on voulait aller au souk.
Il est près de 22 heures et le lendemain, on se lève
à 3 pour aller à Abou Simbel. On sen fout
de se coucher tard, on est là pour en profiter.
En chemin, nous croisons
Hazem qui nous annonce que la télé égyptienne
est là pour interviewer des touristes et que notre
groupe est choisi. Frisson dans les rangs
Mon dieu,
quelle aventure ! Mais quest-ce quon va bien pouvoir
raconter ? ?
Lémission
a lieu sur le pont. On est une bonne quinzaine à y
aller, plus par curiosité que par envie de dire quelque
chose. Cest tout à fait mon cas. Il y a là
le producteur de lémission, un barbu soigné
et assez élégant qui explique à Hazem
ce qu'il attend de nous, un éclairagiste et un preneur
de son, basta.
Les questions démarrent.
« Quattendiez-vous en venant Egypte ? ».
Hazem fait le traducteur et présente celui ou celle
qui se jette à leau pour répondre. Nadia
fait son baptême du feu médiatique. Je me penche
vers Nicole : « tu trouves quoi à dire, toi ?
Moi cest la panne sèche » « moi aussi
», me répond-elle.
« Maman, maman, jai
trop peur de dire quelque chose, je ny arriverai jamais
» intervient Anaïs. « Ben, ne dis rien ma
fille » répond la mère qui nen mène
pas large, non plus. En fait, tout le monde est sur le même
bateau (sic !).
Les questions passent et
je ne dis toujours rien alors que jaimerais bien me
faire remarquer autrement quen faisant la potiche. Anaïs
sauve lhonneur familial en parlant dHatshepsout
, pharaonne dans un monde où le pouvoir nétait
déjà dévolu quaux seuls mâles.
Les questions continuent.
Finalement, au fur et à mesure, les muets de peur se
transforment en orateurs plutôt éloquents et
pertinents. Même moi ! ! Sur une question toute bête
: « si vous deviez envoyer une photo ou une carte postale
dEgypte à un ami, que lui enverriez-vous ? ».
Le producteur barbu, depuis une ou deux minutes, pointait
le doigt vers moi en parlant à Hazem. « Maman,
il veut que tu dises quelque chose, comme tu es belle, il
veut que tu parles ». Cest beau, lamour
filial, non ? ?
Et par miracle, jai
trouvé quelque chose à dire. « Jenverrai
à mon fils une photo montrant les berges du Nil, avec
des enfants nous faisant de grands signes de la main ».
Comme cest poétique, non ? ? En tout cas, en
vrai, je lai vu et en vrai, ça ma touché.
Il ma fallu deux
prises. Quand même !
Le tournage se termine
et on est toutes et tous excités comme des puces. Hazem
promet de nous envoyer la cassette.
Après, en route
pour le souk. Cest à 5 minutes à pied.
Il est près de 23 heures ! On commence par les épices.
Jen achète pour 8 €. Jai dû
encore me faire avoir
Anaïs veut quon achète
une djellaba pour sa grand-mère. Les négociations
sont âpres et Anaïs sénerve vite.
Je tente de la calmer, de rester courtoise et zen avec les
gars qui, à mon avis, nont pas dû faire
beaucoup daffaires aujourdhui car je les sens
nerveux tout en gardant le sourire. Il y en a même un
qui attrape Anaïs par son écharpe. Là,
son sang adolescent ne fait quun tour, elle sénerve
et séchappe en courant vers des membres de notre
groupe attroupé un peu plus loin. Deux des messieurs
deviendront ses « pères adoptifs ». Où
jétais moi, pendant ce temps-là, au lieu
de « protéger » ma fille ? ? à deux
boutiques de là, en train dacheter une chemise
de coton pour lHomme de la maison.
Retour : 0h45. Je me suis
même mise à lire le bouquin que javais
apporté « le seigneur des anneaux le retour
du roi ». Mais Anaïs voulait dormir et il a fallu
que jéteigne.
Jeudi et Abou Simbel...
Réveil : 3 heures.
Quand on se couche à
1 heure du mat, il ny a aucun problème
pour se lever à 3, je vous assure, j'ai essayé.
Les responsables du bateau
nous ont permis de prendre nos oreillers pour finir la nuit
dans le car.
le petit déj.
Là, jai un peu de mal à avaler quoi que
ce soit : depuis 47 ans, je suis programmée pour le
prendre à 7h30, pas à 3h30 !
David, notre « water boy » préféré,
fait cuire des ufs (beurk..) mais avec un sourire si
désarmant quon en mangerait. Enfin,
non
! Je m'attarde à rêver d'une vie où je
serai servie par des jeunes gens toujours souriants
!
Trêve de rêve,
javale un jus dorange, une demi brioche et basta.
Le café, je fais une croix dessus car il ny a
que du Nescafé et ça, franchement, NON !
4 heures : départ
du car.
Nous voyageons toujours
en convoi et cette fois-ci, nous sommes car-balai. Il y a
un militaire assis derrière le chauffeur, placé
juste devant Anaïs, toujours aux avants postes puisque
depuis décembre, elle a toujours peur de vomir quand
elle voyage.
Je me suis installée
en milieu de car, juste en face les WC (en état de
marche, SVP), comme ça, je peux étendre mes
jambes car je marrange toujours pour navoir personne
à côté de moi, sauf quand jai envie
de papoter. On reconnaît là la professionnelle
du voyage en collectivité ! !
Mais je narrive pas
à dormir, seulement à me reposer. Le soleil
commence à se lever sur un désert de sable et
de pierres. Je vais chiper lappareil photo dAnaïs
qui ronfle du sommeil du juste. Le résultat sera réussi.
Car la prise de vue sest révélée
être de la haute voltige et de la précision suisse
puisque notre militaire tout vaseux, a répondu négativement
à notre demande darrêt pour photographier
le soleil.
Cest un militaire, il peut pas comprendre
! !
Sur la route, à
part des cailloux, on trouve des casernes, des guérites,
des ombres de militaires, des casernes, des guérites
etc..
Vers 7 heures et demi,
nous arrisons à ABOU SIMBEL
Cest à l'image
de la mégalomanie de Ramsès II qui voulait en
mettre plein la vue aux Nubiens, pour mieux les asservir.
Lendroit est pourtant
magnifique, étrange et énervant à la
fois. Magnifique par sa beauté bien sûr, étrange
par ce qui sen dégage mais pour ça, chacun
ressent un sentiment unique et propre. Il est énervant,
enfin, car tout le monde se sent touché en profondeur
et ne parvient pas immédiatement à comprendre
pourquoi et encore moins à mettre cette émotion
en mots.
Nicole l'Algéroise, me rappelle le message du Christ,
dieu incarné pour venir sauver le monde et parle de
ces géants de pierre encore là, eux aussi, pour
nous protéger, à travers ce quils représentent
: les anciens dieux de lorigine du monde.
Je comprends ce quelle
veut dire.
Pour ce qui me concerne,
j'ai écrit dans mon carnet de bord : « il est
très facile de sapproprier lhistoire de
lEgypte. LEgypte est nôtre. On est tous
un peu égyptiens au fond de notre âme ! ! »
Mamma mia ! ! Cest le syndrome de Stendhal revisité
pharaon, ou quoi, ça ! ? ? !
On se regroupe pour prendre
le car vers 10 heures et rentrer à Assouan. Là,
encore, je narrive toujours pas à dormir. Je
me repose quand même.
L'après-midi : bronzage
et cette fois-ci, fini les palabres méditerranéennes.
Le pont du Sérénade et les rives du Nil qui
en ont tant vu, sont le lieu d'une discussion amusante quoique
très sérieuse avec Christine et sa mère
sur les avantages d'un harem version féministe. Depuis
quelques jours, à voir tous ces jeunes gens vouloir
accomplir nos quatre voluptés, euhhhh non,
volontés,
ça rend toutes choses.
A 17 heures, le thé
et les gâteaux ! ! ! « Mécherzami »
souhaiterait nous faire une « conférence »
sur lEgypte contemporaine. Les questions fusent car
il semble y avoir une vraie demande de la part de notre groupe
sur ce sujet là. Tout y passe : la condition de la
femme, le logement, lorganisation politique, administrative..
etc etc..
Jai souvent limpression de re-dites, puisque pendant
les visites, il nous avait parlé de tout ça.
Avec Nicole la Marseillaise, on commence à avoir lil
vitreux et à piquer du nez ! ! Vraiment crevées,
les filles !!!
Jai limpression
que notre guide utilise en bon pro, la « langue de bois
" : tout est beau et parfait chez les fils du Nil.
On sarrête
juste le temps daller se déguiser, car ce soir,
c'est "bal costumé". Moi, cest bleu
marine (un vieil ensemble vaporeux, avec débardeur
décolleté (ben oui, quoi
), maquillage
pharaonique et enbijoutage maxi ! Ma fifille, encore très
ado timide, met la djellaba quelle a acheté à
sa grand-mère (pourvu quelle ne la tache pas),
un turban dans la tête et un peu de mascara.. Elle est
mignonne à croquer ! !
On samuse davantage
à se préparer quà aller se faire
admirer ! !
Il y a des British, déguisés
en British. Merci de votre participation, les gars ! ! !
La soirée se passe. Ca danse, ça trinque (un
peu ! !) Bref, jai vu mieux au niveau décoinçage
dambiance
On met ça sur le coup de la fatigue
une fois
de plus
Vers la fin de soirée (23h45 ! ! !), jétais
en pleine forme mais la salle était quasiment vide
Je suis donc partie me coucher, moi aussi.
Vendredi, Louxor et Karnak
- - - - Les autres pages - - - -PrologueLe départDimanche
et la Vallée des RoisLundi et Abydos, DenderahMardi
et EdfouMercredi, Assouan et PhilaeJeudi et Abou Simbel...Vendredi,
Louxor et KarnakSamedi, Le Caire, Saqqarah...Dimanche et Guizeh
Épilogue
Vendredi, Louxor
et Karnak
Saint Valentin (sans Valentin, resté à Paris
à garder le fiston de 3 ans 1/2)
6h45 : du bruit au plafond
C'est pas vrai, je rêve ! Jamais on ne pourra dormir
après 7 heures dans ce fichu pays ! Nous sommes au
troisième étage, juste sous le pont.
Comme je sais que je ne
dormirai plus, je me lève et je monte. Il fait beau
mais frais. Un homme de ménage passe laspirateur
: voilà la cause de mon réveil ! !
J'aperçois Jean,
un tout jeune retraité, qui attend le passage de lécluse
avec son appareil-photo. Cest bien un truc de mec ça
: la technique, la mécanique et tout ce qui va avec
! !
Je redescends me recoucher
cinq minutes
Je bouquine, jécris quelques
notes. Je me retourne. Je me re-lève et je mhabille.
Je suis prête, au garde-à-vous, pour le petit
déj.
Ensuite, tous sur le pont
pour le passage de lécluse car il n'y a que ça
à faire ce matin. Comme je serai plutôt du genre
à papoter chiffons et histoires de cur, quà
restée scotchée sur le déroulement du
passage de ladite écluse, mes copines et moi ne nous
sommes aperçues de rien.
Comme nous naviguons,
Hazem nous réunit pour terminer sa «conférence
». Je l'avais presque oubliée, celle-là.
Je résume : lEgypte
est un poids lourd du monde arabe (traduire : le plus peuplé).
Tout le pouvoir est entre les mains du Président (Moubarak,
pour ceux qui ne suivent pas lactualité). Les
femmes égyptiennes peuvent être juges, doyens
de faculté, etc.. mais apparemment pas femmes de ménage.
Les mariages sont arrangés quelle que soit la religion
et le concubinage est interdit. Pour coucher à lhôtel,
un couple doit absolument présenter son livret de famille.
Sinon, pas possible. La police des murs veille
Commentaire de Ginette, toujours célibataire : «
cest pas ici quil faut venir chercher un homme
! ! »
Du coup, dégoûtée,
elle monte bronzer sur le pont. Je la suis
Après le déjeuner,
nous partons pour Karnak ! ! ! Temple immense.
« Bienvenue, mécherzami,
dans le temple de Karnak ! »
On traîne pas mal
dans ce temple, le plus grand (en surface au sol) quon
ait visité jusquà présent.
Puis, halte à la
fabrique de papyrus. Une jeune fille aux très beaux
yeux mais boutonneuse comme mon clavier de micro, nous fait
la démo. A la première question posée,
elle est complètement perdue ! ! A croire quelle
a appris son texte phonétiquement ! ! Pas très
grave, on ne va pas se mettre à en fabriquer à
la maison !
On reste un bon moment
à tergiverser sur nos achats, devant une exposition
très kitch
J'ai pas dépensé grand
chose, je dois l'avouer.
Puis, visite du temple
de Louxor, à la nuit tombante. Cest très
joli. Bizarrement, ce qui m'a le plus marqué, c'est
la mosquée suspendue, avec des lampions illuminés
et sa porte à flan de paroi; ouverte sur le vide
le temple ayant été redécouvert et désensablé
bien après l'édification de ladite mosquée.
Puis, nous nous rendons
à léglise copte pour déposer des
dons. Cétait convenu dans lorganisation
initiale de notre voyage : notre C.E. encourage des actions
solidaires dans les pays où il organise un voyage.
Une église copte,
Ca tient de léglise orthodoxe avec l'iconostase
et du patronage avec plein de monde partout, qui discute,
reste assis à ne rien faire. Celle-ci datait de deux
siècles et était en pleine réfection.
Les gens qui viennent prier,
sapprochent de lautel, se déchaussent pour
monter sur lestrade couverte de tapis, restent debout
les bras ouverts, paumes des mains ouvertes vers le ciel.
Certains viennent embrasser les icônes, dautres
non. Puis signes de croix orthodoxes (à lenvers
du catho), redescendent, se rechaussent et partent.
Nous attendions Hazem,
parti accompagner une partie du groupe au son et lumière
de Louxor.
Nous sommes restés
un bon moment à lattendre et nous mettions à
ressentir tous un certain malaise dans cette église.
Beaucoup dentre nous étaient cathos et ne se
retrouvaient pas dans cet endroit ! ! De plus, personne ne
parlait anglais, à part un gars qui a essayé
de faire le guide et tenté dextorquer quelques-uns
de nos dons pour son propre usage. Double malaise.
Moi-même, pourtant
issue d'une famille en partie grecque orthodoxe, j'ai ressenti
ce malaise, comme si j'étais encore moins à
ma place ici que dans le temple de Louxor, 20 mètres
plus loin.
Tout sest arrangé
au retour dHazem. On a donné nos trucs, reçu
la bénédiction du pope et en route pour le bateau.
20 heures : dîner.
Cest le dernier sur le bateau.
Y'a les valoches à
faire après
Aie, va-t-on arriver à tout
faire rentrer
?
OUIIIIII ! !
On a tous un pincement
au cur à lidée de quitter ce bateau.
On y était bien choyés, chouchoutés.
Les hommes de ménages nous faisaient des blagues dans
les chambres ou nous chantaient des chansons d'amour.
Comme des poulettes en
pâtes ! ! !
On traînaille avec
déjà de la nostalgie dans le regard et la démarche
fatiguée.
Ca ressemblerait presque
à du chagrin.. Disons, que cest déjà
un gros coup de blues.
Nous sommes le 14 février
2003 et Hazem est atterré car il vient d'entendre que
les Américains auraient déjà bombardé
lIrak. Pour lui, une guerre au Moyen-Orient, cest
le chômage technique assuré. Il nous la
répété maintes et maintes fois.
Il est fatigué ce
garçon. Il nous couve quelque chose
Mais je comprends
sa panique et son désarroi.
La plupart des collègues
et amis présents sont tristes pour lui, pour son pays
auquel nous nous attachons presque au-delà de ce que
nous attendions.
Samedi, Le Caire, Saqqarah
et Toutankhamon - - - - Les autres pages - - - -PrologueLe
départDimanche et la Vallée des RoisLundi et
Abydos, DenderahMardi et EdfouMercredi, Assouan et PhilaeJeudi
et Abou Simbel...Vendredi, Louxor et KarnakSamedi, Le Caire,
Saqqarah...Dimanche et Guizeh
Épilogue
Samedi, Le Caire,
Saqqarah et Toutankhamon
Debout 5h45. Nous décollons de laéroport
de Louxor à 7h25.
Nous prenons notre dernier
petit déjeuner dans cette salle où nous avions
pris nos habitudes avec une facilité telle que nous
avions limpression davoir toujours été
là.
David nous couve une dernière
fois de son regard rieur, déploie des trésors
dattention. Sous le charme oui, mais pas dupe. «
Tu as encore un peu de sous ? ». Ginette me glisse à
loreille « Le CE a déjà inclus les
pourliches dans le prix ». « OK, mais je lui donne
un petit quelque chose », « oui, moi aussi ».
En partant, ils nous attendent
en rang doignons près de la porte de sortie.
Je gratifie David dune grosse bise. Anaïs ne sen
privera pas non plus
ni aucune des filles présentes,
dailleurs. C'est qu'on l'aimait bien, notre "water
boy" !!
On attend le car dans lentrée.
Il arrive à lheure. Tout sest passé
nickel jusquici, pile à lheure, sauf lavion
au départ dOrly. Les bagages sont chargés.
On nous demande de vérifier que tous nos bagages soient
bien dans la soute.
Dun seul coup, je
ne me souviens plus où jai rangé le cartouche
dEva, ma fille aînée. Si je lai perdu,
cest terrible. D'abord, elle était déçue
de ne pas avoir été choisie pour partir avec
moi, mais nous ne savions pas à lépoque
si elle avait des vacances ou non en février. Bref,
elle a joué de malchance et je naimerai pas que
ça continue en la privant dun cadeau que, de
plus, jai déjà payé.. ! ! (Pour
la petite histoire, je nai retrouvé ledit cartouche
quune fois arrivée à Paris).
Le trajet jusquau
Caire dure une heure environ. Il fait beau. Nous regardons
du hublot séloigner Louxor et notre bateau chéri
.. A nous, les Pyramides !
Re-petit déj
dans lavion. Ma voisine est une petite dame dun
peu plus de 70 ans qui me fait penser à ma propre mère.
Elle a travaillé dans ma boîte en province et
est maintenant en retraite. Pour vous dire que je nétais
pas entourée de première jeunesse ; Mais au
fond, ils étaient tous adorables.
En arrivant, nous assistons
encore à une valse des valises, qui resteront dans
les soutes du car pendant la journée, car nous filons
directement à Saqqarah.
Une première traversée du Caire laisse limpression
dune ville coincée entre Moyen-Age et XXIème
siècle, comme beaucoup dendroits en Afrique du
Nord et au Moyen-Orient avec des immeubles jamais finis et
tout bizarres. On croirait que les logements ne sont livrés
quavec les murs nus. Aux propriétaires ou locataires,
dinstaller les fenêtres, de faire les plâtres,
etc
La plupart de ces immeubles sont en briques crues,
qui protègent de la chaleur. Beaucoup dimmondices
au bord des routes. On voit quelques balayeurs
..
mais pas de poubelles ! ! !
Nous sortons de la banlieue
et très vite, à lhorizon, se profilent
les Pyramides. Bon sang ! ! Et ça fait 42 siècles
quelles nous contemplent, celles-là ! ! C'est
très saisissant d'apercevoir à l'horizon ces
pyramides, qu'on a tous contemplés un jour en photo,
en film, à la télé ou je ne sais où,
avec en premier plan des immeubles avec des antennes paraboliques
ou hertziennes
Arrivés à
Saqqarah, Nous visitons la tombe de Ptah-Hotep. Superbe et
émouvante. Superbe pour ses fresques d'une finesse
extraordinaire, dune modernité étonnante.
Cette tombe est aussi remarquablement conservée. Emouvante
pour ce qu'elle dégage de sérénité
et de simplicité. Je suis restée presque collée,
le nez à deux centimètres des fresques, qu'on
aurait cru ciselées de la veille... Ce site irradiait
le calme et la joie. On aurait presque entendu le chant des
oiseaux.
Les fresques représentent
des moments de sa vie terrestre quil sapprête
à revivre dans lau-delà. Ce nest
que vie champêtre, vie de famille, fêtes,.. etc..
Au contraire des temples pharaoniques où tout nest
que symboles divins.
Aucune photo ne peut être
prise à lintérieur, comme dans la quasi
totalité des sites.
Nous allons déjeuner
au resto. Le car sarrête devant un truc bizarre.
De lextérieur on dirait une gargotte, mais non
! !
La boustifaille y était
délicieuse, je me suis régalée ! ! Aubergines,
purées diverses et variées et des galettes,
mamma mia, des galettes
! !
Bon, cest pas le
tout mais il faut se taper le musée égyptien,
maintenant ! ! ! !
Le musée égyptien.
Le bâtiment fait
très XIXème siècle, style chantilly à
la fraise !
Si on compare ce musée
extraordinaire par ses pièces maîtresses et le
musée du Louvre, on se dit quils ont 50 ans de
différence.
Pensez donc que le trésor de Toutankhamon nest
protégé que par une simple vitre et un cadenas
! !
Et encore des statues,
des hiéroglyphes etc
En fait, là, nous
visitons ce quil y avait à lintérieur
des temples et des tombes quon a visités pendant
tout notre séjour. Il nous faut donc faire un effort
dimagination pour simaginer le tout réuni.
La quasi-totalité
des filles squattent les salles de Toutankhamon et scotchent
sur les vitrines des bijoux
! ! Moi, la première,
bien entendu !!
Des tout comme jaime, avec beaucoup de pierres bleues
(lapis-lazuli, turquoise
). Des dessins et des formes
dune modernité incroyable.
Jai zappé
la salle des momies. Ca faisait un peu trop gore pour moi.
On rentre à la nuit (18h) pour prendre possession de
nos chambres à lIntercontinental près
des Pyramides. Chicos et impersonnel, comme toutes les chaînes
dhôtels « internationales »
On a à peine le temps de prendre une mini-douche quil
faut repartir dîner. Certains ont souhaité faire
« relâche » ce soir.
Nous, les courageuses et
courageux, partons pour un resto situé à 5-10
minutes de car. Le resto détonne avec ce quon
nous a proposé jusquà présent :
on dirait la cantine
! Cest rose saumon avec des
trucs infâmes au mur. Pourtant, ce quil y a dans
les assiettes est très bon et tout ça est servi
à table, pour la première fois de notre séjour
par un serveur gag-man. Nous dînons d'un poisson délicieux
grillé et servi sur une plaque brûlante, un peu
comme au resto chinois. Nous rions comme des folles ! !
Arrive le moment du café
et nous pressons toutes Nicole, la Marseillaise, de réitérer
ses lectures dans le marc (en effet, elle lavait fait
lors du déjeuner pour sa belle-sur)
On
y croirait, sa grand-mère étant syrienne ! !
On commence tout doucement,
et tout dun coup, le serveur gag-man arrive et commence
à lire à sa place. Bou Diou ! ! Nicole laisse
faire
Il me dit des trucs à moi (javais
une tête de Pharaon dans la tasse, juré, cest
vrai ! ! !). Il dit des trucs à la belle-soeur (la
même chose que Nicole, ouf ! !) et dautres trucs
encore à Nicole qui ne voulait pas se faire lire le
marc mais qui avait pris du café, quand même.
Le cas de Nicole intéresse
le serveur. Je fais linterprète car il parle
très peu français et Nicole, pas du tout anglais.
Nicole se montre émue. Très émue même
Bref, au final, elle nous
déclare quelle ne sait pas lire le marc de café
et si elle la fait avec tant dacuité pour
sa belle-sur, cétait parce quelle
..
la connaissait très bien ! !
Nous repartons assez troublées
par ses déclarations, dautant plus que ce garçon
a donné son adresse mail car il voulait aller plus
avant dans le cas de Nicole. (A ce jour, no news
).
Notre conclusion : finalement,
ce voyage nous apporte à toutes et tous à un
moment ou à un autre, un moment démotion
très fort, du ressort de lirréel, du magique
! !
Dimanche et Guizeh
Petit déjeuner à 6h30. La salle, remplie de
touristes européens, est déjà comble.
Je change une dernière fois du fric car je dois de
largent à Hazem qui ma procuré un
CD de Farid Alatrache, le Tino Rossi égyptien, que
je destine à mon époux. Cest là
que japprends que pour 20 €, on a droit à
22 $ ! ! Oui, madame ! !
On charge les valises dans
le car et en route pour les pyramides.
Je nai rien à
dire sur les Pyramides sinon quil faut que jy
retourne.
Est-ce la fatigue, le trop-plein dimages que je narrive
plus à gérer, je ne sais pas. Tout ce que je
sais, cest quil faut que jy retourne...
Je ne suis même pas
allée à lintérieur, cest
dire ma fatigue.
10 heures on part
pour la citadelle, construite pour la petite histoire avec
des pierres des Pyramides
Visite de la mosquée
de Mohammed Ali (pas le boxeur ! !), celle où il y
a la fameuse horloge offerte par Louis-Philippe et qui na
fonctionné quune semaine ! ! La raison en est
: chaleur, poussière et sable qui sont venues enrayer
le mécanisme ! A ce jour, elle nest toujours
pas réparée.. Heureusement que le temps na
pas la même durée pour les Egyptiens que pour
les Européens
Nous nous attardons un
moment sur le parvis de cette splendide bâtisse pour
contempler le Caire, cité grouillante, bigarrée,
surpeuplée, en éternelle déconstruction.
Vivante quoi.
Il faut se déchausser
pour entrer à la mosquée
Fait froid sur
le marbre de la cour. La mosquée est belle, dans le
plus pur style ottoman (de longs minarets et de rondes coupoles,
un peu sur le modèle des églises byzantines.).
Lintérieur est rococo à souhait.
On ressort, on se rechausse
et on repart. Entre temps, visite des toilettes, certainement
les plus dégueulasses et les plus pestilentielles du
monde ! Et en plus, on doit payer sans pour autant avoir un
morceau de PQ en échange ! ! Cest une nouvelle
expérience.. ! !
Il y a là des Egyptiennes
qui font aussi la queue comme nous et qui se fendent la poire
en nous voyant nous boucher les narines ! !
Cest quon ne
voulait pas prendre dassaut les toilettes du domicile
dHazem, qui pour terminer le séjour nous invite
tous chez lui à prendre lapéro, et nous
présenter son fils Shadi, vieux de trois semaines.
Hazem habite un quartier
chic et moderne du Caire, à côté dune
église copte. Chez lui, cest nickel chrome. On
croirait quil vient demménager. Dorure,
fers forgés, tentures, volutes etc.. etc
Il nous présente sa femme, Rania, une petite bonne
femme souriante mais très réservée. Puis
le bébé. Mignon, forcément.
Par lencadrement
dune porte, apparaît la mère dHazem.
« Je suis la mère dHazem ». Belle
femme dune cinquantaine d'années, toute de rouge
vêtue. Sourire éclatant, voix affirmée.
Le contraire de sa femme. Elle occupe un poste en Suisse pour
une mission diplomatique.
Puis le papa dHazem, arrive. Homme discret, très
élégant et racé. Plus beau que son fils.
Juste le temps de se rafraîchir
le gosier quil faut partir pour laéroport.
Ca y est
Nous sommes
tous abasourdis à la fois, de fatigue et démotion.
Epilogue
Dans lavion, il règne une atmosphère de
joie et de déchirement. Nous avons vraiment ressenti
un joie intense en venant et en visitant ce pays. Pour certains,
cela tenait lieu du pèlerinage spirituel, culturel
aussi, pour dautres de voyage à la recherche
de soi-même.
Personnellement, jy
ai retrouvé une part de moi-même, au détour
d'un regard et d'une main qu'on serre, et tous les jours,
depuis mon retour, je cueille les fruits de cette redécouverte.
Je redeviens curieuse du monde qui mentoure même
au pied de mon immeuble.
Je pourrais développer
davantage mais ce sera l'objet d'un autre récit
Jespère que
vous ne vous serez pas ennuyé(e)s à cette lecture
Marie .
son site web:
http://marie.fhrepsiadis.free.fr
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