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Les ancêtres
lointains avaient nommé « kheprer »
cet insecte, or quand vint l’écriture le
scarabée fut bien utile pour noter un terme aussi
abstrait et complexe que « venir à l’existence
» (= kheper). Pour les anciens « venir à
l’existence », « être »
et « devenir » furent associé aux
idées de génération spontanée
et de renouvellement dont le scarabée était
étroitement associé.
Culte : Il fut particulièrement
vénéré à Héliopolis,
centre de culte solaire. Le culte de Khépri à
toujours était célébré,
il est figuré dans la tombe de Ramsès
Ier et de Nefertari sous la forme d’un homme dont
la tête est remplacée par un scarabée
tout entier. Des milliers de scarabées de diverses
tailles garnissent les vitrines des musées, des
scarabées colossaux furent édifiés
dont le plus connu aujourd’hui est celui d’Aménophis
III prés du lac sacré à Karnak.
De nombreux pharaons possèdent le scarabée
dans leur deuxième nom, il exprime une manifestation
: Kamosé, les Aménophis, les Thoutmosis,
Akhénaton, Toutankhamon ainsi que des pharaons
de la XXIème dynastie.
Iconographie : Scarabée
stercoraire (scarabaeus sacer), ailé ou non ;
les Égyptiens ont quelques fois représentées
à l’arrière du scarabée le
signe «chen» ou «chenou»; homme
dont la tête est remplacé par un scarabée
(ailée ou non); Homme qui porte sur la tête
un scarabée. Selon Bonnet (1971), il peut, comme
dieu primordial, sous la forme d'un serpent.
Histoire : On connaît
Khepri depuis au moins de la 5ème dynastie (2494-2345
av J-C) des Textes des Pyramides, où l'on ordonne
au soleil d'apparaître sous la forme de Khepri.
Cependant, il peut avoir été l'un des
premiers dieux Egyptiens. On a découvert des
objets ressemblant à des scarabées datant
de la période néolithique (7000-5000 av
J-C).
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Durant l’Ancien Empire,
Khépri apparaît comme le dieu solaire tout au
long de sa course, ce rôle sera modifié par la
suite.
Khépri devient un dieu primordial; un démiurge
qui s’est lui même créé, dans les
textes des pyramides il est dit : «Salut à toi
Khépri. Celui qui est venu à l’existence
par lui même. Tu viens à l’existence en
ce tien nom de Khépri» .
Les croyances se modifièrent avec le temps sous l’impulsion
des divers clergés, Khépri perdit aussi de son
individualité pour ne plus être qu’un des
aspects, un des « khéperou » du dieu solaire
Râ (Amon par la suite). En effet, à l'Epoque
Archaïque, Khépri était considéré
comme une manifestation d'Atoum (dans ce cas-là, c'est
un scarabée à tête de bélier) et
plus tard, il fut identifié à Râ, dont
il ne pouvait cependant représenter qu'une seule phase
: bien que Khépri, durant l’Ancien Empire, apparut
comme un dieu solaire tout au long de sa course, son rôle
évoluera pour devenir uniquement le soleil naissant.
Dans la course nocturne le soleil est Atoum, Khépri
au matin et Râ dans la couse diurne. A la même
époque que Khépri et également à
Héliopolis apparaît Atoum, il était à
l’origine un dieu chthonien. De dieu chthonien Atoum
acquit un caractère solaire et son assimilation à
Khépri fut faite pour devenir Atoum-Khépri.
Dans les textes des pyramides il est dit: «Atoum-Khépri
tu as culminé sur la butte...».
Par la filiation Atoum-Khépri est très proche
d’Osiris mais également par le mythe. Lorsqu’on
découvrit la tête d’Osiris à Abydos
un scarabée en sortit. Abydos porte le nom de «ville
du scarabée», à Edfou un sanctuaire d’Osiris
était appelé, «le château du scarabée».
Dés les textes des pyramides il y a une assimilation
entre le pilier «djed» et le scarabée :
«puisse tu vivre comme le scarabée, stable comme
le pilier djed».
Osiris tué par Seth fut dépecé en 14
morceaux et ceux ci éparpillés à travers
l’Égypte. Le nombre 14 est en rapport avec les
cycles lunaires, 14 est égal à une demi-lunaison,
28 évoque aussi le cycle mensuel féminin. Or,
le démembrement naturel du scarabée se compose
de 14 parties : la tête, le prothoron, le méso-métathorax,
l’abdomen, les deux élytres, les deux ailes et
les six pattes.
Le scarabée fut aussi lié au sphinx, lion à
tête humaine, comme le sphinx de Guiza appelé
« la grande statue de Khépri ». Du Nouvel
Empire l’on connaît des « scarabées
de cœur » en forme de sphinx avec des pattes ou
des bras humains et tête humaine. Le lion est un animal
solaire au même titre que le scarabée. Sur la
stèle érigée devant le sphinx de Guiza
le roi se qualifie de « héritier excellent de
Khépri » reprenant le titre de « fils de
Khépri » que se donnaient les pharaons de l’Ancien
Empire.
Un dieu créateur,
solaire, chtonien et funéraire ; la boule d'excrément
: Le scarabée est un dieu créateur pour les
Egyptiens du fait de leur sens de l'observation et de la projection
faite à partir du sujet observé : le scarabée
stercoraire (Scrabeus sacer) sort d'une boule d'excrément
(protégeant l'oeuf et la larve), qu'il pousse ensuite.
Cela rapelle à la fois l'insecte (et le dieu) qui s'est
lui même crée, mais aussi le dieu qui pousse
le soleil devant lui, d'où la vénération
du scarabée sous le nom de Khépri "Celui
qui sort de la Terre", nom ayant la même sonorité
que le concept signifiant "venir au monde sous une forme
donnée". A noter que la couleur noire du scarabée
est celle de la terre fertile et évoque la vie jaillissant
du néant. L’action de pétrir sa boule
qui donnera la vie est un acte réalisé également
par le dieu bélier Khoum, dieu créateur de la
vie, générateur des espèces vivantes
modelant sur son tour l’œuf dont toute vie doit
sortir. Dans le chapitre LXXXV
du papyrus d'Ani, il est écrit : "Je me suis crée
moi-même au milieu des eaux primitives (Noun) sous le
nom de Khépri"
| Dieu
solaire par exellence, dès l'Epoque Archaïque,
il est identifié à Atoum à Héliopolis,
et en tant que dieu solaire naissant, il est doté
d'ailes de faucon, ce qui le met en rapport avec toute
la gent volatile et comme les oiseaux il occupa une place
importante dans la mythologie égyptienne. Comme
dans la plupart des traditions le vol est en rapport avec
le ciel, donc avec le séjour des dieux. La boule
du scarabée était appelée par les
Égyptiens «Nehepet » ou « Nehepou»,
ce mot a pour racine nehep qui signifie, "tour de
potier". Une fois la boule confectionnée celle-ci
est détachée de la bouse et l’insecte
adopte une attitude et une démarche particulière
pour la pousser sur une courte distance. Il progresse
à reculons poussant la boule à l’aide
de ses pattes postérieures ayant ainsi l’arrière
corps plus haut que la tête. Les Égyptiens
dessinaient la boule du bousier comme le soleil, c’est
à dire à l’aide d’un disque,
d’un cercle.
L’enfouissement
en terre de la boule après creusement d’un
puits oblique et d’une chambre souterraine, donna
au scarabée une nature en partie chthonienne.
Tout les matins,
la naissance de Khépri était donnée
par l'utérus ( c'est à dire l'horizon
oriental) de la mère, Nout, déesse du
ciel. Grâce à cette faculté lui
permettant de renaître tous les jours, Khépri
devint le symbole de la Resurrection. Ainsi, Khépri
devint très tôt une divinité funéraire,
représentant l'âme se relevant dans la
mort, préparée à faire son voyage
vers l'au-delà et à faire face à
son jugement. Au Nouvel Empire, (1539-1070 av J-C),
les textes funéraires des papyrus dépeignent
le scarabée comme symbole de pouvoir et de victoire
de la vie sur la mort.
Vagne Constance
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