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THOUTMOSIS
III (1504-1450)


Momie de Thoutmosis
III (The Royal Mummies, E. Smith)
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Toutmosis III
A la mort de la reine Hatchepsout, Thoutmosis III qui avait
été écarté du pouvoir pendant
presque 20 ans monte enfin sur le trône. Ce pharaon,
dont le début du règne fut brimé par
les prétentions de sa belle-mère, se révèle
très vite être l'un des plus grands pharaons
que l'Egypte ait connu. Les talents militaires dont le roi
fait preuve laissent à penser qu'il a vécu sa
mise à l'écart au sein de l'armée égyptienne.
Dès son avènement,
Thoutmosis doit faire face à une coalition menée
par le prince de Qadesh, ville de Syrie qui se situe sur l'Oronte,
et le roi du Mitanni dont le royaume se situe entre le Tigre
et l'Euphrate. Le rétablissement de l'autorité
égyptienne sur l'Asie va nécessiter pas moins
de 17 campagnes militaires successives relatées dans
les Annales de Thoutmosis III. Ces annales ont été
gravées dans le temple de Karnak, sur les parois de
la galerie qui entoure le saint des saints.
La première campagne
a lieu en l'an 22-23. Le roi s'empare de la ville de Meggido
en Palestine après 7 mois de siège, puis continue
en direction du nord vers le Réténou avant de
rentrer à Thèbes fêter sa grande victoire.
Les peuples soumis sont assujétis à payer annuellement
un tribut à l'Egypte.
Lors de la seconde campagne
en l'an 24 de son règne, le pharaon remonte vers le
Naharina au nord de la Syrie pour une campagne qui ressemble
plus à une démonstration de force qu'à
une véritable guerre.
La troisième campagne,
en l'an 25, est une campagne de surveillance. Le souverain
fait graver, suite à ce périple au Proche Orient,
un "jardin botanique"dans une salle de Karnak où
sont représentés différents spécimens
de la faune et de la flore de Syrie, à l'instar de
la reine Hatchepsout à Deir el-Bahari après
son expédition au Pays de Pount ou du roi Niouserrê
à l'Ancien Empire avec sa salle des "scènes
des saisons".
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Les efforts de Thoutmosis
se portent ensuite sur le contrôle des ports des
côtes syriennes afin de pouvoir transporter à
l'avenir ses troupes par mer.
Lors de la sixième
campagne, en l'an 30 de son règne, Thoutmosis
décide d'en finir avec le prince de Qadesh. Il
s'empare de cette ville et dévaste son territoire.
Il ramène à cette occasion les fils des
princes syriens comme otages pour les élever
à la cour pharaonique avant de les renvoyer dans
leur pays. Cette politique habile, qui deviendra une
constante par la suite en Egypte, permet de former les
futurs chefs indigènes suivant la culture égyptienne
et d'en faire des interlocuteurs privilégiés.
La septième
campagne sert à renforcer le contrôle de
la côte syrienne. C'est en l'an XXXIII de son
règne que Thoutmosis, lors de sa huitième
campagne, atteint l'Euphrate. Une partie de l'armée
du pharaon longe la côte par Gaza pendant que
le reste de l'armée est acheminé par bateaux
jusqu'à Byblos. Une fois réunies, les
forces égyptiennes construisent de robustes barques
fluviales en bois de cèdre qu'elles acheminent
à travers le désert sur des chariots tirés
par des bufs. Parvenu dans la région d'Alep,
Thoutmosis repousse les forces du Mitani au-delà
du grand fleuve qu'il traverse à l'aide de ses
barges. Il érige sur les berges une stèle
commémorative, en pays Naharina, instituant ainsi
l'Euphrate comme la frontière septentrionale
de l'Empire égyptien. Après avoir pacifié
le nord de la Syrie, Thoutmosis manque de périr
au cours d'une chasse à l'éléphant
et ne doit sa vie sauve que par la prompte réaction
de son entourage.
La neuvième
campagne est une campagne d'inspection. Mais dès
l'an XXXV, les princes du Naharina se révoltent,
obligeant le roi d'Egypte à intervenir une nouvelle
fois dans la région d'Alep.
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Le roi entreprend chaque
année de nouvelles campagnes pour pacifier la Syrie.
La dix-septième campagne, en l'an XLII, est la plus
importante ; c'est aussi la dernière campagne du roi
déjà fort âgé. Il doit une nouvelle
fois faire face à une coalition du roi de Mitani, des
princes de Qadesh et de Tounip. Rapidement, les révoltés
se retrouvent enfermés dans la ville de Qadesh qui
ne résiste pas à l'assaut des troupes égyptiennes.
La Syrie est enfin pacifiée et doit s'acquiter, comme
ses voisins, d'un lourd tribut annuel envers le pharaon. L'Egypte
est à l'apogée de sa puissance et impose son
hégémonie pour plusieurs années au Proche-Orient.
Grand bâtisseur,
Thoumosis III entreprend pendant son règne de vastes
travaux à Karnak dans le sanctuaire Ipet-sout dédié
à Amon-Rê. Il fait notamment graver, sur les
murs du sanctuaire, des Annales qui retracent l'histoire de
ses campagnes militaires. Il érige les VIe et VIIe
pylônes et construit l'Akh-Menou, temple servant à
la régénération du roi lors de la fête-sed.
Le roi accomplit également
des travaux à Deir el-Bahari et Medinet Habou. Il fait
agrandir le temple de Montou à Ermant. Il continue
la décoration du temple rupestre de la déesse
Pakhet à Béni Hassan. Il construit de nombreux
monuments en Nubie, en Haute Egypte à Kôm Ombo,
Tôd, Esna, Dendara et en Basse Egypte à Héliopolis
et dans le Delta.
Thoumosis III est aussi un homme d'esprit. Il aime la botanique
et la littérature. Il établit à Karnak
une liste d'ancêtres (Akh-Menou) qui témoigne
de sa piété et de son intérêt pour
le passé. Son règne est prospère comme
le prouvent la qualité et la richesse des décorations
des tombes de ses sujets. Les tombes de son vizir Rekhmirê
(TT 100) et du grand prêtre d'Amon Menkheperresoneb
(TT86), chef des travaux du roi à Karnak, font partie
des plus belles tombes du Nouvel Empire.
Deux ans avant sa mort,
le roi associe à son pouvoir Amenhotep II, le fils
qu'il a eu de sa première épouse Méritré-Hatchepsout
II. Le roi possède une seconde épouse, la reine
Aah-Sat et de nombreuses concubines dont trois belles princesses
syriennes (la tombe de ces princesses fut retrouvée,
avec le tresor qu'elle contenait, non loin de Deir el-Bahari
en 1916 après un violent orage qui provaca un glissement
de terrain).
Thoutmosis III meurt vers
l'âge de 60 ans. Il est enterré dans la Vallée
des Rois dans une tombe à mi-hauteur de la falaise
(tombe KV 34). Lorsque Victor Loret découvre son hypogée
en 1898, la tombe est pratiquement vide. La momie du grand
pharaon a été déplacée dans la
cachette royale de Deir el-Bahari sous la XXIIe dynastie.
Les parois de la tombe sont décorées par le
livre de l'Am-Douat qui décrit la vision que les égyptiens
ont de l'au-delà.
Réalisé par
Johann Renard-Templier
BIBLIOGRAPHIE
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de curiosités de Thoutmosis III : plantes et animaux
du "Jardin botanique de Karnak", OLA 36, Leuven
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de l'Ancirn Empire à la fin du Nouvel Empire (Nouvelle
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F., Thutmose III's Accession and the Beginning of the New
Kingdom, JNES 34, (1975): 265-272.
texte tiré de
http://perso.wanadoo.fr/thot-web/Documentation/ThoutmosisIII.htm
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