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L'ophtalmologie
dans l'Égypte Ancienne
Introduction
Avant d'étudier dans le détail les connaissances
oculaires des égyptiens, il nous semble nécessaire
de situer rapidement l'état de leur médecine,
ainsi que quelques légendes.
Dès
l'antiquité classique la réputation de
la médecine égyptienne était bien
établie. HOMERE dans l'Odyssée écrivait"En
Egypte, les médecins l'emportent en habileté
sur les autres hommes".
HÉRODOTE,
dans ses "Histoires" rédigea en 450
avant JC un témoignage sur la médecine
égyptienne :"En Egypte, chaque médecin
ne soigne qu'une maladie. Aussi sont-ils légions
; il y en a pour les yeux, d'autres pour la tête,
les dents, le ventre et même pour les maladies
non localisées".
Peut-être
à cause du climat, peut-être à cause
de l'hygiène, moins rudimentaire que chez les
autres peuples, HÉRODOTE constatait dans ses
écrits que la population égyptienne était
la mieux portante qu'il eut jamais vue.
Les oculistes
jouissaient d'une très grande réputation,
même hors des frontières de l'Egypte. La
preuve nous en est fournie par la démarche faite
par CYRUS, roi des Perses, auprès d'AMAZIS, roi
d'Egypte. HÉRODOTE, encore, nous raconte en effet
que CYRUS demanda à AMAZIS de lui envoyer le
médecin oculiste le plus habile de son royaume
(9), (32), (38).
Dans l'ancienne
égypte, jalouse gardienne de la tradition, les
médecins étaient prêtres, comme
les prophètes, les hiérogrammates et les
astrologues. Ils occupaient une place très importante
dans la hiérarchie ecclésiastique. La
pratique médicale se transmettait du père
au fils, qui le remplaçait après sa mort,
dans ses fonctions.
Il n'existait
pas à proprement parler d'écoles de médecine,
mais dans certains établissements, appelés
"maisons de vie" le jeune praticien pouvait
compléter l'enseignement paternel par la fréquentation
de savants médecins, de directeurs d'ateliers,
où des scribes s'affairaient à composer
ou à recopier des écrits consacrés
à la médecine. De ces ateliers sortiront
les papyrus médicaux.
Un document
qui remonte à la Basse Epoque apporte des précisions
sur l'origine, le développement et l'enseignement
de la médecine égyptienne. Vers 500 av.
J.C., après que DARIUS 1er eut annexé
l'Egypte à l'empire perse, le médecin
chef UZAHOR-RESINET relate " Sa Majesté
le Roi Darius qui règne en Elam sur tous les
pays et sur l'Egypte m'a envoyé à Sajs.Il
m'a chargé de réorganiser les maisons
de la vie qui étaient tombées en décadence.
Je les ai emplies d'étudiants appartenant aux
milieux riches et cultivés (...). (38).
Cependant deux
villes étaient des pôles d'attraction :
HELIOPOLIS connue pour être le siège de
la plus fameuse faculté de médecine du
pays et THEBES où l'on pratiquait la chirurgie.
Comme les médecins
de MOLIERE, les médecins égyptiens s'attachaient
aveuglement aux opinions de leurs anciens, sûrement
par vénération excessive du passé.
Diodore de
Cicile écrivait à leurs propos :
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"Ils établissent
le traitement des malades d'après des préceptes
écrits, rigides et transmis par un grand nombre d'anciens
médecins célèbres. Si, en suivant les
préceptes du livre sacré, ils ne parviennent
pas à sauver le malade, ils sont déclarés
innoncents et exempts de tout reproche. Si ils agissent contrairement
aux préceptes écrits, ils peuvent être
accusés et condamnés à mort ; le législateur
ayant pensé que peu de gens trouveraient une méthode
curative meilleure que celle observée depuis si longtemps
et établie par les meilleurs hommes de l'art."
Dès le III
ème millénaire avant J.C. (1ère dynastie
MENES), des textes mentionnent les soins donnés aux
yeux, mêlés de pratiques magiques. THOT , à
tête d'ibis, dieu de la science et de la médecine
est l'ancêtre des ophtalmologistes, puisque d'après
la mythologie il aurait remis en place l'oeil d'HORUS arraché
lors de son combat contre SETH, dieu du Mal, et déclare
"Je suis THOT, le médecin de l'il d'HORUS".
(9)
L'oeil d'H0RUS entier,
(celui-ci étant souvent représenté par
un homme à tête de faucon) - appelé OUDJAT
(oeil sain) combine l'oeil humain : iris, pupille, sourcil,
avec les marques colorées qui encadrent l'oeil d'un
faucon. L'oeil d'Horus éclaté symbolise des
fractions mathématiques destinées à compter
les céréales : 1/2, l/4,...l/64.

Prises à part,
chacune des parties de cet oeil magique désigne donc
des fractions, retrouvées isolées dans de nombreux
papyrus.
Ce symbole par exemple
équivalait à 1/2 etc... Or le total de ces fractions
donne 63/64 et l'on suppose que le 1/64 manquant pour parfaire
l'unité fut fourni magiquement par THOT, lorsqu'il
réussit à retrouver et à rassembler l'oeil
arraché pour le rendre à son propriétaire
(37).
Un autre dieu AMON
est appelé "Le médecin qui guérit
l'il sans médicament, qui ouvre les yeux et les
redresse ".
Diodore de Sicile
mentionne le pouvoir thérapeutique de la déesse
Isis qui guérissait les aveugles (39).
Enfin l'histoire
suivante, qui met en scène plusieurs divinités
du panthéon égyptien pourrait tout aussi bien
se passer dans le cabinet de consultation d'un ophtalmologiste
contemporain:
"Le .dieu RA
vérifie l'acuité visuelle du dieu HORUS. RA
place HORUS blessé à l'oeil, devant un mur couvert
d'un enduit clair, sur lequel sont peints un petit trait noir
et un gros porc de la même couleur. HORUS ferme son
oeil sain, RA l'invite à regarder le trait et lui demande
s'il le voit. HORUS ne le voyant pas, RA dirige alors son
regard vers le porc. HORUS l'aperçoit et RA en conclut
qu'il a conservé une vision suffisante ". (38)
Désigné
sous le nom d' Oudjat, l'oeil était considéré
comme porte-bonheur et figurait sur de très nombreuses
peintures ou amulettes à titre prophylactique ; il
symbolisait l'invulnérabilité et la fertilité.
IMHOTEP, que les
médecins de l'école alexandrine confondaient
avec Esculape et que les Egyptiens avaient déifié,
comme dieu de la médecine, fut un personnage réel,
qui vécut au début de la III ème dynastie
sous le pharaon ZOSER. C'était un architecte génial
et un médecin de premier plan, car les livres de médecine
dont se servaient les anciens égyptiens lui sont attribués
(9), (38).
IMHOTEP signifie
"qui donne satisfaction" ou bien "celui qui
vient en paix".
En 1921 Sir W. OSLER,
l'un des pionniers de la médecine anglo-américaine
s'intéressa à ce personnage et écrivit
" il était la première figure de médecin
sortant des brumes de la protohistoire "(34).
Sources
Nous connaissons
l'ophtalmologie égyptienne grâce à diverses
sources : les auteurs anciens, les monuments avec leurs peintures
et bas-reliefs, les objets découverts dans les tombes,
les momies, mais surtout grâce aux papyrus médicaux.
Des fouilles pratiquées,
en 1926, par l'allemand H.JUNKER (38) dans les nécropoles
qui entourent les pyramides de GIZEH ont mis à jour
des monuments funéraires mentionnant des oculistes.
Il s'agit d'une part d'une statue funéraire d'un médecin
oculiste de la cour du pharaon de la VIè dynastie d'autre
part d'une stèle funéraire, datant de la même
période, sous PEPI 1er. Cette stèle est en forme
de porte et un homme y est représenté tantôt
assis, tantôt marchant. On y trouve cette inscription
dédicatoire :"PEPJ-ANKH-JRJ, directeur et doyen
des médecins royaux, ophtalmologiste royal, directeur
des maladies intestinales, chef des magiciens et savants"
(9) (39).
Autre traduction
:"Médecin des yeux du palais; médecin du
corps; gardien de l'orifice intestinal, royal; celui qui prépare
le bon; celui qui maîtrise les scorpions" (34).
On connait par cette
inscription le nom du plus ancien ophtalmologiste qui exerçait
il y a 4600 ans environ et cette stèle confirme les
dires d'HERODOTE concernant la spécialisation médicale
depuis les époques les plus reculées.
D'après Flavius
CLEMENS, qui en 200 de notre ère fonda une secte chrétienne
à Alexandrie, les prêtres égyptiens auraient
condensé au début de l'Ancien Empire, dans quarante
deux livres, la somme des connaissances médicales;
et six livres contenaient ce qu'on savait en matière
d'anatomie, de physiologie, de pharmacopée, de chirurgie
et de gynécologie. D'autres auteurs confirment que
les égyptiens auraient résumé leur science
dans six livres sacrés, appelés les livres d'Hermès,
connus de Galien et perdus depuis (32).
Les plus anciens
papyrus médicaux qui nous sont parvenus remontent au
Moyen Empire, mais ce sont presque tous des copies de livres
beaucoup plus anciens, qui nous donnent l'état de la
médecine sous l'Ancien Empire. L'en-tête de plusieurs
papyrus les attribuent à une époque beaucoup
plus reculée et presque légendaire, contemporaire
d'Imhotep, ou même fabuleuse le dieu TH0T en aurait
dicté le texte.
Tous ces papyrus
médicaux sont écrits en hiératique (du
grec hiératicos sacerdotal, hiéros=sacré),
et nous allons les énumérer par leur ordre d'ancienneté.
I) les papyrus de
KAHUN (28) :
ils datent de la
XIIè dynastie. Reproduisant des traités plus
anciens, ils contiennent en particulier, un traité
de gynécologie dont la première observation
traite d'une affection oculaire en rapport avec une affection
gynécologique (cf citation plus loin).
II) Le papyrus d'EDWIN-SMITH
: trouvé à Thèbes en 1862
Il est conservé
à la bibliothèque historique de New-York. Traduit
par BREASTED, qui l'a publié en 1930 (3). On y trouve
mentionné des symptomes ou des complications oculaires
de traumatismes craniens. Sa rédaction parait dater
de l'Ancien Empire et sa copie a été écrite
à la fin XII dynastie (1780 av. J.C.). Il est remarquable
par son absence de toute magie ; seuls les faits et les conséquences
sont notés.
III) Le papyrus EBERS
(12) (13) : acheté à Louqsor, 1'ancienne Thèbes,
par l'allemand Georg Ebers en 1873, à un Arabe qui
l'aurait trouvé en 1862 entre les jambes d'une momie
parfaitement conservée (38). Il a été
traduit et publié en 1874 par cet égyptologue
; il est actuellement conservé à la bibliothèque
universitaire de Leipzig. Il est intitulé "Ici
commence le livre relatif à la préparation des
médicaments pour toutes les parties du corps".
Il ne contient que
peu de renseignements cliniques, car seul le nom de la maladie
est mentionné, suivi de la prescription thérapeutique
ou magique. A la fin du manuscrit se trouvent deux petits
traités de style ancien consacrés à l'anatomie
et à la physiologie de l'appareil circulatoire. Le
papyrus date du début de la XVIIIè dynastie
(1500 av.J.C.). Mais il n'est que la copie de documents beaucoup
plus anciens. En tête d'un des chapitres on lit qu'il
a été trouvé sous les pieds du Dieu ANUBIS
à Sekken et apporté à sa Majesté
le roi HOUSAPHAIT (Ière dynastie).
Les médecins
voulaient ainsi appuyer leur science sur l'autorité
divine.
IV) Le papyrus de
LONDRES (41)
Il date de la XXème
dynastie (vers 1100 av. j.C.) et contient surtout des formules
magiques dont plusieurs sont destinées à aider
l'efficacité de médications oculaires.
V) Le Papyrus Copte
de CHASSINAT
C'est le dernier
papyrus médical connu, traduit en 1921 par Chassinat
(6); il a été écrit au IXè siècle
après J.C.. Ce document relativement récent
reproduit des prescriptions s'appliquant aux affections oculaires
datant de l'Ancien Empire,transmises de générations
en générations sans changement. Il est précieux
pour comprendre certains passages difficiles des papyrus médicaux
classiques.
Nous voyons ici que
c'est seulement vers 1875 que les égyptologues purent
se rendre compte directement de ce qu'était la médecine
égyptienne, grâce aux traductions et publications
des papyrus médicaux.
Physiologie
Les Egyptiens avaient
pris conscience de l'existence du coeur et de sa fonction
qui consistait à irriguer toutes les parties du corps
et du rôle que jouaient les "vaisseaux et les canaux"
qui, partant du coeur, aboutissaient aux membres et aux organes.
C'est sur cette connaissance confirmée par l'expérience
qu'ils édifièrent leur physiologie, autrement
dit la science des fonctions de la vie.
Influencés
par la ressemblance entre le sytème sanguin et le Nil,
artère vitale d'où divergeaient des canaux qui
répartissaient l'eau nécessaire à l'irrigation
des champs et des cultures, les prêtres et les médecins
égyptiens imaginèrent, comme principe de leur
physiologie, un réseau analogue d'artères et
de vaisseaux. Partant du coeur les "metu" (canaux)
irriguaient toutes les parties de l'organisme.
De même que
l'absence de crue, une inondation trop abondante ou trop faible
du Nil, ou le colmatage des canaux d'irrigation compromettaient
l'existence de l'Egypte, de même le mauvais fonctionnement
des "canaux" mettait en danger le coprs humain dont
l'équilibre physiologique était, de ce fait,
perturbé.
Les dépôts
de sang et de mucus étaient cause de maladie ainsi
que les accumulations d'excréments qui risquaient,
par l'intermédiaire de canaux, de refluer vers les
membres et même de remonter jusqu'au coeur. Les "metu"
assuraient aussi l'acheminenent des "vehedu", éléments
pathogènes et facteurs de douleurs qui étaient
la cause de fièvres malignes et des inflammations.
Ils s'introduisaient
dans l'organisme en se glissant par le nez et par les oreilles.
Nous verrons un exemple pratique de ces communications dans
le chapitre des thérapeutiques médicales.
Nous trouvons dans
le papyrus Ebers la description suivante du système
circulatoire dont un passage concerne la circulation de l'oeil.
"Commencement
du secret du médecin; connaissance de la marche du
coeur (physiologie) et connaissance du coeur (anatomie). Il
y a dans le coeur des vaisseaux de tous les membres: tout
médecin, tout exorciseur, tout charmeur qui met le
doigt sur la tête, la nuque, les mains, sur la région
du coeur, sur les deux bras, sur les jambes, il tombe sur
le coeur car les vaisseaux du coeur sont de tous les membres
... (la relation des pulsations des artères avec les
battements cardiaques est nettement établie par ce
passage).
"Il y a quatre
vaisseaux dans l'intérieur des tempes (intracrâniens)
qui fournissent le sang aux deux yeux, et ensuite fournissent
toutes les humeurs des deux yeux, celles qui lubrifient les
deux yeux (littéralement celles qui sont d'ouvrir les
deux yeux); s'il découle des larmes des deux yeux,
c'est la prunelle des deux yeux qui les donne (autre traduction,
ce sont les ronds, c'est à dire la cornée et
l'iris, qui font cela) ....Les orifices qu'il y a dans le
nez sont deux vaisseaux qui conduisent à la cavité
de l'oeil". Ebers numéro 854.
Dans une autre partie
du papyrus Ebers on trouve une description de la circulation
oculaire assez voisine:
"L'homme, il
y a en lui 12 vaisseaux de son coeur qui vont à tous
ses membres ...Si son cou souffre et que les deux yeux se
voilent, ceux-là ce sont les vaisseaux du cou qui ont
pris la maladie ...Il y a deux vaisseaux en lui pour le front,
il y a deux vaisseaux pour l'oeil, il y a deux vaisseaux pour
les sourcils."
On voit par ces textes
que la circulation du globe et des annexes était relativement
bien connue et que les Egyptiens établissaient une
relation entre des troubles circulatoires et des troubles
visuels.
Quant à l'origine
des larmes, les glandes n'étant pas connues, leur sécrétion
était attribuée à la pupille et à
l'iris.
Enfin, on peut remarquer
qu'ilsconnaissaient les rapports entre les cavités
nasales et l'orbite.
Anatomie
Les Egyptiens connaissaient
la prunelle, la sclérotique, et, bien entendu, les
paupières, les cils, les sourcils ; ils ignoraient
presque tout de la structure interne de l'oeil ; ils n ont
soupçonné semble-t-il l'existence ni du corps
vitré, ni de la rétine et du nerf optique.
Et pourtant, ils
ont soigné un certain nombre de maladies que, malgré
la rareté des termes anatomiques, l'absence de tout
diagnostic, on arrive à identifier avec plus ou moins
de sureté.
Le blanc de l'oeil
était appelé sclérotique ; l'iris était
observé et certains textes indiquent que cet examen
permettait de découvrir le sexe du foetus.
Les paupières
sont appelées le "dos de l'oeil".
La pupille était
nommée "hoot amt irit" qui se traduit par
"la jeune fille (qui) est dans l'oeil" et qui correspond
au mot pupille, dérivé de pupilla (poupée),
et du grec XOPE (jeune fille). Peut-être ce fait est
dû à l'image des personnes se reflétant
sur la cornée au niveau du fond noir de la pupille
(10).
Connaissances cliniques
Dans la plupart des
cas les Egyptiens ne considéraient que le symptôme.
L'atteinte oculaire
constituait une maladie distincte sans relation avec les affections
générales et l'on ne s'occupait que de la thérapeutique
symptomatique.
C'est dans les textes
de papyrus les plus anciens (kahoum, smith) que nous trouvons
des descriptions d'affections oculaires, soit rattachées
à des maladies générales, soit complications
ou symptômes de fractures du crâne.
"Remède
pour la femme qui souffre des yeux presque à n'en voir
et resentir des douleurs dans le cou. Dis à cela: ce
sont des sécrétions de la vulve qui affectent
les yeux.Fais lui pour cela une fumigation d'encens et d'huile
fraîche et fumigue lui la vulve avec ; fumigues lui
les yeux avec des pattes de guépier, puis tu lui feras
manger le foie cru d'un âne." Papyrus kahoum- Traité
de gynécologie.Tome 8 p412.
On peut trouver dans
cette observation les signes d'une conjonctivite gonococcique
ou d'un iritis gonococcique (8) (9). L'auteur Egyptien avait
bien rattaché à son étiologie l'affection
oculaire, et si la thérapeutique peut paraitre bizarre,il
n'en reste pas moins que tout en traitant les complications,
il insiste sur la thérapeutique étiologique
qui vise à la suppression des sécrétions
vulvaires.
Autre exemple
"Instructions
concernant une perforation de la tempe"/
Examen :
"Si tu dois
examiner un homme ayant une perforation de la région
temporale avec une plaie ouverte de dehors en dedans, tu dois
inspecter sa blessure et dire : regarde les deux épaules.
Si ce mouvement est très douloureux, même s'il
peut tourner très légèrement sa nuque,
tandisque l'oeil du côté blessé présente
une hémorragie, tu dois dire le concernant:
Diagnostic
"Il a une perforation
de la région temporale, il souffre de la raideur de
la nuque, c'est un mal que je peux traiter."
Traitement
"Tu dois le
mettre au repos complet jusqu'à guérison complète
de la plaie. Tu dois le soigner avec des pansements de charpie,
de graisse et de miel tous les jours jusqu'à la guérison."
Glose A
Si les deux yeux
ont des hémorragies, cela veut dire que la couleur
des yeux est rouge comme la couleur de la fleur "Shs"Dans
le traité de ce qui regarde l'embaumeur, il est dit
à ce sujet: les deux yeux sont rouges et malades comme
un oeil dont la vue est prêt de disparaitre."
Cette observation
est intéressante ; on peut y constater que le médecin
egyptien avait déjà reconnu l'importance de
l'hémorragie sous-conjonctivale (9) dans les fractures
du crâne comme signe de certitude et comme symptôme
de localisation. Dans sa glose le médecin qui recopiait
ce traité insiste sur l'aspect des deux yeux en se
référant à l'autorité d'un autre
ouvrage. Papyrus SMith Cas 19 (VII, 14-15).
De ce qu'il nous
reste des termes de pathologie oculaire, nous pouvons envisager
leurs connaissances cliniques. Ici le papyrus Ebers est intéressant
à étudier, car s'il ne décrit pas les
affections, il en nomme un grand nombre et nous permet de
connaître la thérapeutique de l'Egypte Antique.
Il a été difficile d'identifier les maladies,
ainsi que les ingrédients entrant dans les formules
pharmaceutiques ; Ebers en collaboration avec les docteurs
Schmidt et Schneider a cru pouvoir identifier une vingtaine
d'affections oculaires dans le papyrus.
La blépharite
ciliaire "tm ra rd tmsmirit", mirit désignant
le mot "oeil" en égyptien) dont la traduction
est "quelqutun dont les yeux ont des paupières
qui ne peuvent plus produire de cils". (Ebers, LXII,14)
Certains auteurs
ont cru reconnaîltre dans cette affection le trichiasis.
Le chalazion ou l'orgelet
sont désignés sous le nom de "pdsit m meriti".
La conjonctivite
avec chémosis, l'inflammation conjonctivale caractérisée
par la simple rougeur des yeux, l'hémorragie sous conjonctivale
donnent lieu naturellement à un grand nombre de prescriptions.
Il semble bien qu'il
faille reconnaitre dans la maladie nommée "Hétaê"
les granulations trachomateuses, (dans le papyrus Ebers).
Certains auteurs considèrent l'Egypte comme le berceau
du trachome, dautres au contraire, pensent que le trachome
n'y est devenu endémique qu'au XVè siècle
après J.C.
Le leucome est appelé
"sh t'nou merati". Les taies de la cornée
dont était peut-être atteint l'oeil gauche de
Nefertiti est bien décrit sous ce terme là.
Citons encore le
larmoiement, le ptérygion, le xanthélasma.
Enfin, le strabisme
ou bien l'asthénopie accomodative qui se traduit littéralement
par "la fatigue de l'oeil qui se refuse à regarder".
Il semble que l'amblyopie
crépusculaire, fréquente dans les populations
mal nourries ou carencées, ait déjà été
reconnue.
Nous terminons ce
châpitre des connaissances cliniques par la cataracte.
Les Egyptiens avaient-ils
identifié la cataracte ?
Les auteurs qui ont
étudié le papyrus Ebers ne sont pas d'accord
entre eux. Pour Luring et Hirschberg (19) cela serait une
inflammation de l'oeil et pour Ebers et ses collaborateurs,
ainsi que les auteurs actuels, dont Dc DOLLFUS (9), il s'agit
de cataracte.
Quatre formules de
collyres sont donc consacrées au traitement d'une affection
désignée sous le nom de "ahtmt mu meriti",
périphrase, qui se traduit par "suspension ou
montée d'eau dans les yeux". (Ebers Lx, 14 et
17).
A noter que chez
les égyptiens l'eau monte et pour nous elle descend
(en cataractes).
Pharmacopée
Dès 800 av.
JC, dans l'odyssée, HOMERE vantait la richesse en plantes
médicales de l'Egypte ; certaines entraient dans la
composition de remèdes salutaires, d'autres au contraire,
étaient utilisées comme poisons :
Une des conséquences
les plus spectaculaires de la révélation du
papyrus Ebers fut de donner une idée de la variété
de la pharmacopée égyptienne ; ce papyrus indiquait
à lui seul, la composition de 900 remèdes.
Certains collyres
ayant laissé des traces dans les flacons, on a pu les
analyser. Tous les règnes étaient utilisés:
Dans le règne
minéral nous trouvons le sulfate de cuivre, l'oxyde
de cuivre et de fer, les sels de plomb, le sel marin, la poudre
de lapislazuli, l'antimoine, le chrysocole , le sulfure d'arsenic.
Les substances du
règne animal sont surtout des excipients, graisse de
porc ou d'oie, miel, lait ; mais aussi le foie, la bile, la
cervelle et le sang d'animaux divers, ainsi que des excréments
et de l'urine.
Mais la plupartdes
collyres sont à base de végétaux. On
peut citer le safran, la rose, la myrrhe, la gomme d'acacia,
le sycomore, l'aloès, le mélilot, la farine
de coloquinte , les feuilles de ricin, le lotus, l'extrait
de lys, l'écaille d'ébène, le suc de
pavot, l'huile de baumier, la résine et l'encens, etc...
Voici d'après
le papyrus Ebers N° 339 une manière de les administrer
:
"Ingrédients
à mettre dans de l'eau; leur faire passer la nuit à
la rosée, les filtrer; puis les appliquer en compresses
sur l'oeil pendant quatre jours. Autre manière de s'en
servir: tu l'instilleras (ce collyre) au moyen d'une plume
de vautour".
texte tiré du site
http://www.snof.org/histoire/egypte1.html
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