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L'HOMOSEXUALITÉ

les jeunes dans la Grèce ancienne
DU RÔLE SOCIAL DE L'HOMOSEXUALITÉ
Alain SCHNAPP,
« L'images des jeunes gens dans la cité
grecque », dans HISTOIRE DES JEUNES EN OCCIDENT,
Tome I, sous la direction de Giovanni Levi et Jean-Claude
Schmitt, Seuil.
Alain Schnapp
nous propose un voyage dans le temps pour comprendre
la jeunesse de la Grèce ancienne. Il aborde l'éducation
des jeunes, la Paideia, nécessaire à la
vie collective et à l'intégration dans
la cité. Il s'interroge sur les classes d'âge
ou sur les représentations de la jeunesse dans
les travaux d'Homère. Il est en effet essentiel
de définir pour chaque époque la jeunesse
: quand commence-t-elle et s'achève-t-elle ?
Alain Schnapp
insiste beaucoup sur le rôle de l'homosexualité,
en particulier chez les Doriens, les Crétois
et les Spartiates. Cette homosexualité a une
fonction clairement éducative et met en scène
un jeune homme éromène - et un
adulte chargé de son initiation - eraste - :
« l'amour hétérosexuel est sous
le signe de la réciprocité, alors que
l'amour homosexuel est sous celui de la sociabilité
». Elle est acceptée pour le rôle
social qu'elle joue. Cette pratique surprenante pour
un contemporain de notre civilisation judéo-chrétienne
est à placer dans le contexte d'une éducation
qui privilégie la dureté, l'aptitude du
jeune à survivre dans des conditions difficiles.
Dans l'éphébie
athénienne, décrite par Aristote, les
jeunes sont formés en collectivité par
l'Etat, une formation de nature militaire (surveillance
du Pirée et des forts).
Alain Schnapp
achève son article par une analyse des représentations
graphiques, sur les vases grecs par exemple, des jeunes.
Elle révèle l'importance du corps pour
les habitants de la Cité. Les éromènes
sont par exemple systématiquement représentés
avec un sexe de taille réduite et imberbe alors
que les erastes sont barbus et dotés d'attributs
vigoureux. L'éducation des jeunes filles est
située comme une forme particulière de
la Paideia.
Maurice Sartre, "Le rite et le plaisir", dans
l'Histoire
Dans cet article, Maurice Sartre retrace l'historiographie
du sujet, traversée par les préjugés
de l'occident chrétien pour l'homosexualité.
La raison pour laquelle l'homosexualité mérite
de devenir un sujet à part entière pour
le cas de la Grèce ancienne est le fait que cette
pratique est valorisée. Sartre insiste sur le
lien entre ces pratiques et le rite de passage à
l'âge adulte. Mais cette explication n'est pas
suffisante car dit-il : "on ne peut mettre sur
le même plan des comportements codifiés
par les lois, comme l'enlèvement de l'adolescent
par un jeune adulte en Crète, avec vie commune
pendant quelques semaines et cadeaux obligatoires en
fin de stage et le fait que les jeunes Spartiates, Athéniens
et autres s'offraient à des amants durant une
période plus ou moins longue de leur adolescence
et de leur jeune maturité sans que cela s'inscrive
dans un rite précis".
Maurice Sartre souligne qu'il est impossible de faire
l'amour sans désir lorsqu'on est un homme ; la
pratique ne peut donc se limiter à un rite obligé.
L'homosexuallité est largement une pratique autorisée
et assumée, placée souvent sur un plan
égal avec l'amour d'une femme. La place de la
femme dans la société grecque bien considérée
lorsqu'elle est recluse est une explication comme l'est
l'exaltation du corps masculin. Curiosité aussi
de voir que le corps de l'homme viril n'est pas celui
d'un homme à la verge imposante. Aristophane
dans les Nuées présente le jeune homme
idéal avec une "verge menue".
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